À la barre du tribunal des flagrants délits de Mbour, un Français de 72 ans, Patrick R., a comparu ce jeudi pour des faits de violences conjugales sur son épouse sénégalaise âgée de seulement 25 ans. Le tribunal l’a reconnu coupable et l’a condamné à deux mois de prison avec sursis et au paiement de 300.000 francs CFA à titre de dommages et intérêts.
Ancien fonctionnaire du ministère de la Justice en France, Patrick R. a découvert le Sénégal après sa retraite. C’est en Casamance qu’il rencontre Nancy, une jeune femme qu’il épouse dans la tradition locale. Le couple, malgré la différence d’âge, semblait vivre une idylle paisible… jusqu’à ce que leur relation se détériore progressivement au fil des années.
Selon les déclarations du prévenu, tout aurait basculé à cause de la jalousie et des tensions liées au comportement vestimentaire de son épouse. « Je ne l’ai pas frappée volontairement. Je lui ai juste demandé de ne plus porter de tenues indécentes. Je l’ai aimée, je lui ai tout donné », s’est-il défendu à la barre.
Une version que conteste vivement la victime, Nancy, qui affirme que son mari avait pourtant l’habitude de lui offrir ces mêmes vêtements qu’il juge aujourd’hui inappropriés. « Il aimait ces tenues au début, c’est lui-même qui me les achetait », a-t-elle répondu.
Des propos étonnamment soutenus en partie par le procureur, qui a rappelé à la partie civile son « devoir d’obéissance » en tant qu’épouse : « Même si votre mari aimait ces habits auparavant, s’il vous les interdit aujourd’hui, vous devez lui obéir », a-t-il déclaré.
Mais au-delà de cette dispute vestimentaire, le couple faisait face à d’autres tensions plus profondes. Patrick R. reproche notamment à son épouse la naissance d’un deuxième enfant qu’il n’aurait pas désiré. « Je lui avais demandé de prendre des contraceptifs. À mon âge, je ne veux pas laisser un enfant orphelin », a-t-il justifié devant le tribunal. Le prévenu évoque également une absence d’intimité conjugale depuis un an, et des soupçons d’infidélité qui auraient contribué à détériorer leur relation.
L’avocat de la défense, Me Ousseynou Gaye, a tenté de faire valoir les circonstances atténuantes : « Mon client est un homme amoureux, dépassé par l’écart d’âge et la situation. Il voulait offrir une vie stable à sa femme. Mais aujourd’hui, elle cherche ailleurs ce qu’elle ne trouve plus chez lui ».
La partie civile, qui réclamait 700.000 francs CFA de dommages et intérêts, n’en obtiendra que 300.000, montant fixé par le tribunal en plus de la peine avec sursis prononcée contre le septuagénaire.
Aboubakry Kane