L’illusion du capital comme contrainte dominante est un obstacle épistémologique à la conception de stratégies de développement inclusif qui peuvent générer leurs propres modèles et instruments de financement.
Des états s’endettent au titre du développement, alors qu’aucun pays ne s’est développé par le seul argent public. Ils ont souvent la perception du rôle crucial du secteur privé dans le financement du développement sans savoir comment le mobiliser.
Les institutions financières multilatérales aussi, mais elles financent des projets trop structurellement isolés pour être des facteurs de développement entraîné.
Le rôle du secteur privé est mentionné dans toutes les déclarations finales des conférences sans en décrire de mécanismes opérationnels.
Mais aucun pays ne peut se développer sans faire la différence entre le financement du fonctionnement de son État et le financement du développement de son économie.
Parce qu’une économie se construit pour être une universalité de relations techniques, commerciales, sociales, juridiques et financières interdépendantes et en dynamiques permanentes. C’est une entreprise qui donnerait le tournis à des bureaucrates qui ne savent que cocher les seules cases qu’ils peuvent reconnaître.
Parce qu’il faut être capable d’avoir une vue kaléidoscopique et exhaustive des potentiels, défis, contraintes et risques que présentent un espace socioéconomique donné, pour imaginer, concevoir, construire et faire fonctionner des machineries et mécanismes de précision qui permettent de la faire tourner comme une hiérarchie de systèmes intégrés, en transformant les contraintes et les risques en instruments de promotion des investissements.
Oui, faire de la gestion de risques et de la résolution de contraintes structurelles, un programme de partenariats stratégiques public-privé sur des chaînes de valeurs! C’est faire de l’entrepreunariat institutionel à grande échelle, pour parler le même language que les entrepreneurs privés: une affaire de congruence!
Cela relève à la fois d’expertises et d’aptitudes qui permettent de diriger la dépense publique, sur des segments précis de concepts de tissus économiques intégrés dont l’absence, les défauts, les carences ou les dysfonctionnements, en bloquent les dynamiques et le pilotage.
Cela ne requiert pas de financements publics colossaux et de l’endettement insoutenable, parce qu’il s’agit de dépenses intelligentes qui permettent de libérer des potentiels de croissance inclusive qui dorment dans des chaînes de valeurs potentielles.
Mieux, cela fait que toute offre de capital crée sa propre demande, par l’action publique d’un État stratège et celle de ses démembrements.
Cette approche devrait être considérée, face à l’échec de ce qui est devenu tour à tour: coopération au développement; aide au développement; assistance technique; aide humanitaire; lutte contre la pauvreté; réduction de la pauvreté et maintenant: réduction de l’extrême pauvreté.
Pape Demba Thiam, expert en développement économique et industriel