L’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie) a vivement réagi samedi à une demande des autorités sénégalaises formulée à l’encontre de son président, Biram Dah Abeid, l’invitant à cesser toute activité politique sur le territoire du Sénégal.
Dans un communiqué officiel, l’organisation dénonce une interpellation injustifiée et affirme que cette démarche fait suite à des plaintes officielles déposées par le gouvernement mauritanien auprès des autorités sénégalaises. Les autorités sénégalaises auraient agi sur instruction du général Jean-Baptiste Tine, selon les termes du communiqué.
Le député et militant anti-esclavagiste a été convoqué vendredi à Dakar, après avoir obtenu un report initial pour cause d’engagements à Nouakchott. Lors de cette rencontre, le ministre sénégalais de l’Intérieur lui aurait reproché la virulence de certaines déclarations publiques à l’encontre des autorités mauritaniennes.
« Je n’ai enfreint aucune loi », affirme Biram Dah Abeid
Surpris par la convocation, Biram Dah Abeid a assuré n’avoir violé aucune disposition du droit sénégalais. Il a précisé que sa seule activité notoire sur le sol sénégalais consistait à soutenir la scolarisation de Yarga, un jeune ancien esclave qui vient d’obtenir son baccalauréat à Dakar.
L’IRA souligne dans son communiqué le caractère pacifique et non violent du combat mené par son leader, insistant sur le fait qu’il n’est jamais intervenu dans les affaires intérieures du Sénégal. Biram Dah Abeid a réitéré sa volonté de respecter la souveraineté du pays hôte, tout en se déclarant prêt à le quitter si une décision formelle de l’exécutif ou d’une instance judiciaire le lui imposait.
« La terre de Dieu est vaste », a-t-il déclaré.
L’organisation mauritanienne accuse le pouvoir de Nouakchott d’exercer des pressions systématiques sur ses opposants en exil, qualifiant cette stratégie de « chantage stérile ». L’IRA affirme que ces intimidations ne freineront pas son combat contre le système des castes et des inégalités structurelles encore présentes en Mauritanie.
« La fin du régime des inégalités génétiques est inévitable, peu importe la manière », affirme le communiqué.
Figure emblématique de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, Biram Dah Abeid est régulièrement visé par des arrestations et actes de harcèlement dans son pays. Lauréat de plusieurs prix internationaux pour son engagement, il demeure l’une des voix les plus critiques du pouvoir mauritanien actuel.
Emedia