Une page importante de l’histoire militaire entre la France et le Sénégal s’est officiellement tournée ce jeudi. La cérémonie de restitution finale des bases des Éléments français au Sénégal (EFS) s’est tenue au camp Geille de Ouakam, en présence du général de corps d’armée Mbaye Cissé, chef d’état-major général des armées sénégalaises, et de nombreux notables du quartier.
Marquée par une prise d’armes et les discours officiels, cette cérémonie a scellé la fin de la présence militaire permanente française sur le sol sénégalais, dans le cadre d’un processus plus large de retrait des bases françaises d’Afrique de l’Ouest et centrale, déjà amorcé au Tchad, en Côte d’Ivoire ou encore au Gabon.
Dans son allocution, le général de division Pascal Ianni, commandant français pour l’Afrique, est revenu sur un siècle d’histoire militaire franco-sénégalaise :
« Ce camp, né en 1920, a vu défiler des pionniers de l’aviation, a participé aux grandes heures de l’aéropostale et symbolise la continuité historique des relations militaires entre nos deux pays », a-t-il rappelé, tout en soulignant la qualité du partenariat militaire qui a toujours existé entre Dakar et Paris.
Il a également retracé les grandes étapes de cette coopération : de la transformation des bataillons coloniaux en unités d’infanterie de marine en 1958, à la création des Forces françaises du Cap-Vert en 1974, jusqu’à la naissance des EFS en 2011. Ces dernières avaient pour mission principale de soutenir la coopération militaire régionale, notamment via la formation et l’entraînement des forces armées sénégalaises et de plusieurs autres pays d’Afrique de l’Ouest.
« Les EFS ont incarné une présence enracinée dans le tissu social sénégalais. Leur intégration allait au-delà du cadre militaire, avec une implication discrète mais active dans la vie des communautés locales », a-t-il ajouté, saluant l’accueil chaleureux réservé aux familles françaises dans le pays de la Teranga.
Le transfert du camp Geille, s’inscrit dans une nouvelle approche des relations entre la France et ses partenaires africains, basée sur le respect mutuel et la souveraineté des États.
« Ce changement structurel n’altère en rien les sacrifices partagés du passé. Mais nous devons désormais réinventer nos partenariats avec une Afrique jeune, dynamique et ambitieuse. Nous n’avons plus besoin de bases permanentes pour coopérer efficacement », a insisté le général Ianni.
Il a conclu en rendant hommage aux militaires français et sénégalais ayant servi côte à côte, et en appelant à construire ensemble l’avenir d’un partenariat stratégique repensé, centré sur la stabilité régionale, le respect des intérêts mutuels et la souveraineté des nations.
Emedia
Photos : Pape Doudou Diallo