Le projet de pirogue communautaire porté par les habitants du village insulaire de Haère (commune de Kafountine), en Casamance, continue de susciter l’adhésion populaire… mais aussi des tentatives de récupération politique que ses initiateurs dénoncent avec vigueur.
Depuis plusieurs mois, la communauté de Haère, appuyée par sa diaspora, s’est engagée dans un plaidoyer soutenu en faveur de l’acquisition d’une embarcation destinée à désenclaver ce village isolé des îles Bliss. À l’origine de cette mobilisation : un besoin vital de mobilité, de sécurité et d’accès aux services de base. L’initiative est née de la communauté elle-même, portée par des voix engagées, loin de toute logique partisane.
Parmi ces figures engagées, Norbert Afa Diatta, enfant du village, a publié un appel poignant relayé par PressAfrik, dénonçant l’oubli dans lequel Haère est plongé. Un cri d’alarme repris par le journaliste Pape Moctar Sélane, lui aussi natif du village, dans un article paru sur le site Kinkelibaa, qui a donné un nouvel écho à la cause.
Face à cette mobilisation structurée, documentée et relayée sur la scène nationale, les autorités ont réagi. La Marine nationale sénégalaise a dépêché une mission sur place pour évaluer la situation. Quelques semaines plus tard, un retour officiel a confirmé la prise en compte du projet dans le cadre d’une initiative de Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE), portée par une structure publique sénégalaise. Une intervention saluée par les porteurs du projet, qui ont promis de remercier l’institution concernée en temps voulu.
Mais à mesure que le projet progresse, des tensions émergent. Des responsables politiques locaux, jusqu’alors discrets, tenteraient aujourd’hui de s’en attribuer le mérite. Une attitude jugée inacceptable par les initiateurs de l’action citoyenne.
Bertrand Diatta, coordinateur du projet au sein de la diaspora haéroise, réagit fermement : « À qui voudra l’entendre, je serai intraitable avec les manipulateurs et les politiciens récupérateurs. Aucune autorité locale ne peut revendiquer la genèse ni la mise en œuvre de ce projet. Il est né du peuple, par le peuple et pour le peuple. »
Dans une mise au point sans ambiguïté, le coordinateur rappelle que l’ensemble du processus – de la mobilisation initiale aux réponses des autorités – a été documenté. Lettres officielles, publications, relais médiatiques : tout est archivé. Et toute tentative de déformation ou de récupération sera, selon lui, dénoncée publiquement.
Il précise également que les autorités politiques ou administratives seront conviées à la remise officielle de la pirogue uniquement en tant qu’invitées, si elles viennent dans un esprit de respect et de vérité.
Pour les habitants de Haère, ce projet n’est pas un outil de communication électorale, mais l’aboutissement d’un combat communautaire. Et il en restera ainsi.
« Le projet de pirogue appartient à Haère et à ses enfants. Toute tentative de manipulation ou de distorsion de la vérité sera combattue avec responsabilité et preuves à l’appui », conclut Bertrand Diatta.
Emedia