Le ministre délégué français chargé des relations avec les pays francophones et des partenariats internationaux, Thani Mohamed-Soilihi, a déclaré vendredi que l’insécurité qui sévit en Afrique de l’Ouest ne relevait désormais plus de la responsabilité de la France. Cette annonce survient une semaine après la restitution par Paris du contrôle de sa dernière grande base militaire dans la région.
S’exprimant lors d’un point presse téléphonique depuis l’Afrique du Sud, où il participe aux discussions du G20 sur le développement mondial, le ministre a répondu à une question de Reuters concernant les risques d’instabilité liés à l’absence militaire française : « Je suis désolé de le dire, mais cela ne nous concerne plus. »
Il a poursuivi en ajoutant : « C’est regrettable, car tout le monde peut constater la différence entre avant et maintenant. Mais nous cherchons d’autres manières de maintenir des liens, pas nécessairement militaires. »
Selon Reuters, au cours des trois dernières années, la France a démantelé progressivement sa présence militaire dans ses anciennes colonies d’Afrique, où elle avait longtemps joué un rôle central dans la lutte contre les groupes jihadistes, l’arrestation de criminels armés, et même dans le renversement ou le sauvetage de régimes.
Depuis 2022, Paris a retiré ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, à la suite de coups d’État qui ont porté au pouvoir des dirigeants hostiles à sa présence. En novembre dernier, le Tchad, pièce maîtresse de l’action occidentale contre les jihadistes au Sahel, a rompu brutalement son accord de coopération sécuritaire avec la France.
Plus de dix ans d’insurrections ont provoqué des déplacements massifs de populations et un effondrement économique dans le Sahel, tandis que les violences s’étendent progressivement vers les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest. Les deux derniers mois ont été marqués par une recrudescence des attaques jihadistes, constituant l’une des périodes les plus meurtrières de l’histoire récente de la région.
« Nous continuons à coopérer avec les pays qui le souhaitent », a conclu Thani Mohamed-Soilihi. « Mais la France ne pourra pas répondre aux problèmes de sécurité des pays avec lesquels elle n’entretient plus de relation. »
Emedia