Le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé une rencontre axée sur la transformation structurelle de l’État, dans le cadre du processus de réforme du service public. Une initiative qu’il juge « très importante » car touchant directement à l’un des piliers du Plan de redressement économique et social mis en œuvre par le gouvernement. Pour lui, il existe une réelle convergence entre ce plan et l’Agenda national de transformation, avec le service public au cœur de cette dynamique.
Ousmane Sonko a rappelé que le service public ne se limite pas à l’administration, mais englobe toute activité d’intérêt général exercée par l’État ou sous son contrôle. Il constitue ainsi le socle de la relation entre les citoyens et la République, avec des priorités fondamentales telles que l’accès à une alimentation suffisante, une école publique performante, des soins de santé de qualité, des infrastructures solides, la sécurité ou encore la protection sociale.
Reconnaissant certaines performances de l’administration, le Premier ministre estime néanmoins qu’il faut viser plus haut. « Comparés à d’autres pays africains, nous sommes au-dessus de la moyenne sur plusieurs indicateurs, mais je préfère que nous nous comparions à ceux qui nous devancent », a-t-il affirmé. Il appelle à rompre avec les pratiques héritées de l’administration coloniale, et à instaurer une culture administrative fondée sur l’éthique, la transparence, l’efficacité et la responsabilisation.
La corruption a été désignée comme l’un des freins majeurs à cette transformation. « La majorité des agents sont intègres, mais une bonne partie choisit la facilité », a-t-il déploré, dénonçant l’impact économique et social de ces pratiques. Il a illustré ses propos par un exemple concret : « Quand un chauffeur donne quelque chose pour passer la visite technique, ce sont 20 morts que l’on déplore plus tard sur la route. »
Il a aussi alerté sur les cas d’enrichissement suspect dans la fonction publique : « On ne peut pas devenir milliardaire en étant fonctionnaire. Pourtant, ce phénomène s’est banalisé ces dernières années. » Évoquant les écarts de revenus, il a révélé que certains directeurs généraux de l’administration gagnent jusqu’à 4,5 fois plus que le président de la République. « C’est bien connu que le Président touche moins de 5 millions de francs CFA, le Premier ministre autour de 4 millions, et les ministres un peu plus de 3 millions », a-t-il déclaré.
Dans cette optique, une loi de protection des lanceurs d’alerte est en préparation, dans le but de moraliser davantage la vie publique. Ousmane Sonko a par ailleurs plaidé pour une réforme de la formation des agents publics, un recrutement fondé sur le mérite et la fin des pratiques de recrutement politique ou familial. Il a aussi souligné la nécessité d’une réforme systémique de la gestion des ressources humaines, ainsi qu’une lutte efficace contre les surfacturations qui affectent les finances publiques et les services essentiels à la population.
Emedia