Lors de la conférence de presse marquant le lancement des festivités des 90 ans du président Abdou Diouf, le Général Mamadou Mansour Seck a livré un témoignage riche en souvenirs et en réflexions sur les valeurs incarnées par l’ancien chef de l’État sénégalais.
Revenant sur l’essence même de la Fondation Abdou Diouf Sport Vertu, le général a tenu à souligner la signification profonde des deux mots qui la composent :
« Sport et vertu renvoient à la rigueur, au respect des règles, à l’éthique. Or, respecter les règles, c’est le fondement même de la démocratie. »
Le général Seck a retracé son long compagnonnage avec Abdou Diouf, débuté dès les bancs de l’université en 1957. Alors que le futur président étudiait le droit, lui-même était inscrit à la faculté des sciences. Cette époque, selon lui, marque le début d’une vision républicaine et disciplinée de l’armée sénégalaise, initiée par Léopold Sédar Senghor :
« Il ne voulait pas d’une armée où un sergent pouvait devenir général de cour et faire un coup d’État. »
Une vision que le président Diouf a poursuivie, notamment en déjouant une tentative de coup d’État – un épisode peu connu, mais confirmé par le général Seck :
« Il n’en parle pas dans son livre, mais c’est arrivé. Nous étions à ses côtés avec quelques fidèles. C’est aussi cela, la démocratie. Le Sénégal aurait pu basculer. »
Nommé à plusieurs reprises par Abdou Diouf — chef d’état-major général des armées, puis ambassadeur à Washington, le général raconte avec humour les échanges qu’il entretenait avec le président :
« Il me taquinait : « Tu as fait la guerre du Golfe avec Colin Powell, tu parles anglais, Washington t’ira bien. » À 57 ans, j’avais encore l’énergie, je ne voulais pas dormir avec mon chapelet. »
Au-delà de ces anecdotes, Mamadou Mansour Seck insiste sur une qualité rare d’Abdou Diouf : sa discrétion :
« Son défaut, c’est d’être trop discret. Après son départ, c’était comme s’il n’existait plus. Pourtant, c’est un modèle démocratique. Il n’a pas contesté, il est parti. »
Il a appelé les historiens, journalistes et citoyens à valoriser l’héritage démocratique laissé par Abdou Diouf :
« Les valeurs de la démocratie au Sénégal ne datent pas d’hier. Elles s’enracinent dans notre histoire, et Abdou Diouf y a contribué de manière décisive. »
Emedia
Photo : Pape Doudou Diallo