Trois jours après le décès tragique d’un Kankourang à Ngaparou, la Collectivité Mandingue de Mbour monte au créneau. Elle déplore ce drame tout en pointant du doigt ce qu’elle considère comme une banalisation grandissante du masque traditionnel, pourtant sacré dans la culture mandingue.
« Nous l’avions senti venir », déclare Mamadou Aidara Diop, secrétaire général de la Collectivité Mandingue, en faisant référence à une alerte adressée dès juillet au préfet. Le courrier mettait en garde contre la prolifération de Kankourangs « gérés par des jeunes sans expérience ni maîtrise de la tradition ».
Selon lui, l’incident survenu à Ngaparou serait le résultat direct de cette perte de contrôle : « À Mbour, cela fait 121 ans que le Kankourang sort. Depuis 1904, il n’y a eu que deux cas de décès. C’est dire que nous avons appris à encadrer cette tradition avec méthode. »
Le Kankourang, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO, doit, selon la Collectivité, retrouver son essence ésotérique. « Ceux qui connaissent la tradition la vivent intensément, loin de toute dérive commerciale », insiste Mamadou Aidara Diop. Il affirme que le Kankourang ne peut être réduit à un simple spectacle folklorique destiné à attirer les foules ou générer des revenus.
Dans cette optique, la Collectivité Mandingue annonce travailler sur un projet de loi visant à faire du Kankourang une exclusivité culturelle contrôlée. Objectif : garantir un encadrement rigoureux et protéger l’identité profonde de ce rituel.
« Nous voulons faire du Kankourang une véritable offre touristique et culturelle, mais dans le respect total de sa valeur spirituelle », précise Mamadou Aidara Diop. La Collectivité prévoit de soumettre ce projet à l’Assemblée nationale dans les prochains mois.
Pour les Mandingues de Mbour, héritiers revendiqués du Kankourang, cette initiative est avant tout un acte de préservation culturelle face aux dangers de la dénaturation.
Aboubakry Kane – Emedia Mbour