Ce mercredi 24 septembre 2025, la délégation du Ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines a fait escale à Kédougou pour l’étape du Pôle Est des Journées Portes Ouvertes (JPO), qui englobe également la région de Tambacounda. Une zone riche en ressources naturelles, notamment en or, mais aussi en marbre, basalte, granite, serpentinite, platinoïdes, lithium et colombo-tantalite. Face à ces potentialités, l’administration entend imposer une gouvernance plus rigoureuse et inclusive du secteur minier.
Le ministre Birame Souleye Diop a pris la parole pour réaffirmer la volonté de l’État de construire un secteur minier transparent, respectueux des règles, au service du développement local. Dans le sillage de la vision du président de la République en matière de bonne gouvernance, plusieurs initiatives ont été lancées, dont la mise en place d’un comité d’instruction des titres miniers et un audit global du secteur sur l’ensemble du territoire national.
L’audit, mené en deux phases — administrative puis physique — a permis de visiter 848 sites à travers les 14 régions du pays. Les résultats sont édifiants : 228 sites ont été identifiés comme clandestins, opérant sans aucune autorisation, tandis que 275 sites sont restés inactifs malgré la détention de titres. Du côté des dossiers déposés pour l’obtention ou le renouvellement de titres, le constat est encore plus alarmant : 94 % sont non conformes.
Le ministre a présenté les chiffres issus des huit commissions tenues dans le cadre de l’évaluation des dossiers. Alors que la première commission n’avait validé que 8 % des dossiers reçus, la dernière a enregistré un taux de recevabilité de 66,7 %. Une amélioration qui, selon lui, illustre un changement de comportement de la part des demandeurs, désormais plus soucieux de se conformer aux exigences réglementaires.
Tout en soulignant ces avancées, Birame Souleye Diop a reconnu les responsabilités de l’administration dans les dysfonctionnements passés. Il a pointé du doigt une « administration démissionnaire », absente du terrain, mal équipée, et parfois même complice des irrégularités observées. « Trop d’activités sont menées en marge de la réglementation, faute de rigueur. Mais ce manque de rigueur, je ne l’impute pas aux opérateurs, je l’impute à l’administration », a-t-il déclaré avec fermeté.
Pour rectifier le tir, le ministre a insisté sur deux axes majeurs : la stricte application du Code minier par tous les acteurs et l’implication active des communautés locales dans la chaîne de valorisation des ressources. Il a rappelé que le Code minier est le « bréviaire » de toute personne intervenant dans le secteur, de l’administration aux exploitants. Ce code encadre non seulement les obligations administratives, mais aussi les engagements en matière environnementale, sociale et salariale.
Birame Souleye Diop a insisté sur la nécessité de faire des communautés locales de véritables parties prenantes dans les projets miniers. Il a évoqué l’importance de l’acceptabilité sociale, affirmant que « le meilleur avocat d’un projet minier, c’est la population qui vit à côté et qui reconnaît ses bienfaits ». Une acceptabilité qui ne peut être atteinte que si les entreprises respectent leurs engagements envers les riverains.
Interpellé sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), le ministre a tenu à clarifier sa position. Bien qu’encore peu codifiée, la RSE ne doit pas être réduite à des actions ponctuelles ou symboliques. Elle doit s’inscrire dans une dynamique durable, alignée sur les besoins des populations et les objectifs de développement.
En somme, cette étape des Journées Portes Ouvertes dans le Pôle Est met en lumière les graves lacunes qui ont longtemps affecté la gestion du secteur minier au Sénégal, tout en marquant une volonté claire de changement. L’État entend désormais jouer pleinement son rôle de régulateur, avec une exigence renforcée de conformité, de responsabilité et de justice sociale.
Ibrahima Sorry Kalloga, Emedia Kédougou