Suite à l’arrêté préfectoral interdisant les sorties du Kankourang sur la voie publique à Kolda, le Comité scientifique des gardiens des rites et traditions sort de son silence. Il appelle le préfet Mbissane Ngom à revoir sa décision, prise après le décès tragique d’un adolescent de 16 ans, blessé lors d’une rixe entre jeunes.
Face à la presse, le porte-parole Fabouly Gaye a tenu à préciser que « le Kankourang n’est pas impliqué dans ce drame survenu à Sikilo. C’est un cas isolé, et il est regrettable que certains cherchent à associer cette tradition sacrée à des actes de violence ». Le Comité demande une levée encadrée de l’interdiction, au moins pour boucler la saison, en promettant des célébrations apaisées, sécurisées et conformes aux valeurs ancestrales.
Le Comité rappelle que le Kankourang est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO et constitue une institution éducative et protectrice. Assimiler certains débordements à ses sorties revient, selon lui, à profaner un mythe porteur de cohésion sociale. Fabouly Gaye en a profité pour dénoncer les « sorties inappropriées » du Kankourang à Dakar, qu’il considère comme une insulte à la tradition.
Kao Mor Dianté, un autre membre influent du Comité, a de son côté fustigé « l’usurpation de la culture mandingue » et exhorté les communautés concernées à exiger le respect de leur patrimoine. Le Comité se dit prêt à dialoguer avec les autorités pour éviter toute dérive, dans le respect des lois et de la sécurité publique.
Il salue par ailleurs la réaction du ministre de la Culture, jugée équilibrée et responsable. Ce dernier, dans un communiqué, a rappelé l’importance de protéger le Kankourang tout en appelant à la responsabilité des acteurs.
Enfin, le Comité plaide pour l’organisation d’une concertation nationale en vue de l’adoption d’une Charte du Kankourang. Cet instrument permettrait de mieux encadrer les pratiques, garantir leur transmission fidèle et préserver ce patrimoine contre toute forme de détournement.
Seydou Diatta – Emedia Kolda