La situation économique et financière actuelle du Sénégal résulterait d’une maladresse politique majeure, selon Youssou Diallo, ancien président du conseil d’administration de la SONACOS. Il accuse directement le Premier ministre Ousmane Sonko d’avoir précipité une crise de confiance en exposant publiquement l’ampleur de la dette nationale.
« Le tort est d’avoir dévoilé notre situation à la face du monde pour une vengeance politique contre ceux qui étaient là », estime-t-il. Une démarche qu’il juge contre-productive, d’autant plus dommageable qu’elle émane d’un responsable aujourd’hui au pouvoir. Selon lui, Sonko se comporte encore comme un opposant, au détriment des intérêts de l’État qu’il est censé défendre. Ce manque de discernement aurait, selon ses mots, « fait fuir de potentiels investisseurs » et fragilisé une économie déjà en difficulté.
Pour Youssou Diallo, le Sénégal traverse une période charnière : « Je pense que le Sénégal est dans une période de transition », affirme-t-il, soulignant que cette phase pourrait aussi bien mener à un rebond vers le développement qu’à un effondrement plus profond. Il appelle à sortir des clivages partisans pour mobiliser toutes les compétences, quels que soient leurs bords politiques, afin de faire face à l’urgence économique.
Il critique également le recours au Diaspora Bond, qu’il considère comme une démarche hasardeuse, symbole d’un « tâtonnement » nuisible dans un contexte économique incertain. Sur le plan des ressources naturelles, l’ancien représentant des étudiants de l’université de Dakar reste prudent : les retombées du pétrole et du gaz, encore invisibles, pourraient néanmoins servir d’« embrayage » pour stimuler la croissance, à condition d’être bien gérées.
Selon lui, l’heure est à la responsabilité et à l’efficacité, loin des calculs politiques : « Il faut trouver des Sénégalais capables de proposer des solutions à la situation actuelle, quelles que soient leurs convictions politiques. »
Boubacar Diop, stagiaire
Photo : Pape Doudou Diallo