Dans son livre L’Afrique au Cœur, l’ancien président Macky Sall retrace les premières heures de son mandat, marqué par une situation économique alarmante. À son arrivée au pouvoir, il hérite d’un pays au bord de l’asphyxie financière. La crise économique frappe durement le Sénégal, les comptes publics sont dégradés, les prix flambent, et les enseignants sont en grève. Pour éviter un blocage total du pays, la priorité est claire : trouver de quoi assurer le fonctionnement de l’État.
Conscient que la France suivait de près la situation sénégalaise, Macky Sall se rend à Paris pour rencontrer le président français de l’époque, Nicolas Sarkozy. Les deux hommes se connaissaient depuis leur passage respectif aux ministères de l’Intérieur. Malgré une campagne présidentielle en cours, Sarkozy accorde une audience à son homologue sénégalais et lui propose un prêt budgétaire de 130 millions d’euros. À l’arrivée de François Hollande à l’Élysée, cet engagement est respecté. Une première tranche de 50 millions d’euros est débloquée, permettant au Sénégal d’amorcer une sortie de crise.
Macky insiste cependant sur un point : il ne s’agissait pas de rompre brutalement avec le passé. Il entendait plutôt initier des réformes en maintenant la stabilité de l’action publique. Pour lui, la cohésion nationale, le vivre-ensemble et la démocratie devaient rester au cœur de la République. Mais cette stabilité avait un prix : celui de l’ankylose des institutions. Certaines structures étatiques, devenues inefficaces ou redondantes, freinaient l’élan nécessaire au changement.
C’est dans cette optique qu’il engage un vaste chantier de rationalisation des dépenses publiques. Il met en place un gouvernement resserré de vingt-cinq ministères contre trente-sept auparavant, supprime quarante-huit agences et structures, ferme certaines ambassades et consulats, et va jusqu’à abolir le Sénat et la vice-présidence. Ces réformes permettent de réduire significativement le train de vie de l’État, faisant passer les dépenses de fonctionnement de 12 % du PIB en 2011 à 8 % en 2023.
Mais au-delà de la rigueur budgétaire, Macky Sall affirme avoir voulu impulser un véritable changement. “Président, je n’ai pas oublié que j’étais d’abord un ingénieur”, écrit-il. Avec cette approche technicienne, il aborde la transformation du pays comme un chantier de développement. À ses yeux, le Sénégal restait en retard sur de nombreux plans : routes, hôpitaux, universités, infrastructures de base. Pour répondre à une croissance démographique rapide, il fallait doter le pays des moyens de son ambition. Une réforme structurelle profonde pour faire du Sénégal un véritable pays en développement.
Emedia