L’affaire ArcelorMittal refait surface avec fracas au Sénégal, alors que Fadilou Keïta, directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), affirme publiquement que l’ancien président Macky Sall pourrait être poursuivi pour haute trahison et arrêté. Une déclaration lourde de sens, prononcée devant le tribunal de Dakar, où il assistait à une audience impliquant des militants du parti Pastef, renvoyée au 15 octobre.
Selon Fadilou Keïta, le dossier explosif de la transaction conclue entre l’État du Sénégal et le géant sidérurgique ArcelorMittal en 2014 est désormais entre les mains de la justice. Il soutient que Macky Sall est le seul à avoir confié à ses proches qu’il pourrait être inquiété par ce dossier, en raison de son engagement personnel et de sa signature figurant dans l’accord de règlement à l’amiable.
Le protocole en question avait mis fin à un contentieux entre le Sénégal et ArcelorMittal, dans lequel l’État réclamait plusieurs milliers de milliards de francs CFA devant la Chambre de commerce internationale. Pourtant, l’accord transactionnel s’est conclu sur le versement de 150 millions de dollars – environ 90 milliards de francs CFA – à des conditions aujourd’hui fortement contestées. Le circuit financier de cette somme, virée sur deux sous-comptes Carpa de l’avocat français Me François Meyer, logés à la BNP Paribas, est au cœur des interrogations.
L’enquête judiciaire, relancée sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye par une plainte de l’Agent judiciaire de l’État, est instruite pour association de malfaiteurs, corruption, blanchiment de capitaux et escroquerie. Le 20 août, les auditions ont débuté avec la comparution d’Aly Ngouille Ndiaye, ancien ministre des Mines et actuel maire de Linguère, entendu comme témoin. D’autres figures de l’ancien régime, notamment les ex-ministres Birima Mangara (Budget) et Amadou Bâ (Économie et Finances), sont également attendues devant le juge.
Cette série d’auditions marque une étape clé dans la volonté des nouvelles autorités de faire toute la lumière sur un dossier aux ramifications politiques et financières complexes, où se croisent intérêts miniers, décisions controversées et soupçons de malversations au sommet de l’État.
Emedia