L’ancienne ministre sous le régime de Macky Sall, Aminata Angélique Manga, a vivement critiqué le pouvoir en place, qu’elle accuse d’acharnement contre les dignitaires de l’ancien régime. S’exprimant en marge d’une finale de football à Enampore, dont elle était la marraine, elle est revenue sur les nombreuses arrestations qui ont récemment touché des personnalités politiques et leurs familles.
« Je vois beaucoup d’arrestations, d’emprisonnements… Le dernier cas, c’est la garde à vue d’Aliou Sall et de son épouse, après celle de l’épouse de Madiambal Diagne et de ses enfants. C’est triste et pathétique d’en arriver là dans un pays comme le Sénégal, réputé pour sa démocratie », a-t-elle déclaré
Selon l’ancienne ministre, le Sénégal traverse une période marquée par « la faim, la violence et le désespoir », et le régime actuel serait plus préoccupé à régler des comptes qu’à répondre aux véritables urgences du peuple. Elle dénonce un climat de soupçon généralisé à l’encontre des anciens responsables politiques : « Il serait dangereux de substituer la présomption d’innocence à la certitude de culpabilité. »
Aminata Angélique Manga s’interroge aussi sur le bien-fondé des attaques contre certains anciens responsables politiques accusés d’enrichissement illicite. « Pourquoi un fonctionnaire ne pourrait-il pas être milliardaire ? Pourquoi un non-politicien ne pourrait-il pas être millionnaire ? Quelle loi l’interdit ? », a-t-elle lancé, tout en critiquant le silence du pouvoir sur les déclarations de patrimoine de certains de ses propres membres.
Elle n’a pas manqué de pointer du doigt les deux anciens inspecteurs des impôts aujourd’hui au sommet de l’État, les comparant à Aliou Sall, qu’elle estime « plus compétent et qualifié ». « L’un a récemment évalué ses biens à plus de 500 millions de francs, l’autre est crédité d’être milliardaire. Et pourtant, on attend toujours un démenti ou une déclaration de patrimoine conforme. »
Face à ce qu’elle qualifie de « diversion », Aminata Angélique Manga exhorte les autorités à se pencher sur les vraies urgences : les inondations à Bakel et Kanel, qu’elle considère comme des localités « oubliées du Sénégal », les difficultés liées à la rentrée scolaire, le coût de la vie, le chômage galopant, et l’accès aux denrées de base devenu prohibitif. « Une carotte à 400 francs, ce n’est pas normal », s’est-elle indignée.
Pour elle, il est temps que le gouvernement arrête de se plaindre de l’héritage laissé par l’ancien régime : « Vous étiez là, oui. On était là. Mais on est partis. Maintenant, c’est vous qui êtes là. Alors, travaillez. »
Aminata Angélique Manga conclut en appelant l’ensemble de la classe politique à la responsabilité pour éviter que le pays ne s’enlise dans une spirale de violence. « Il faut qu’on s’arrête. Il y a urgence. Le peuple souffre. »
Emedia