La Journée Internationale de la Femme Rurale a été célébrée avec une grande ferveur à Boutoupa Camaracounda, dans le département de Ziguinchor, grâce à l’engagement d’Usoforal, qui œuvre pour la solidarité des femmes pour la paix en Casamance. Sanoussy Camara, chargée de projet au comité régional, a souligné l’importance de cet événement et l’engagement de l’organisation pour améliorer les conditions des femmes rurales dans cette région.
« Nous avons choisi Boutoupa Camaracounda pour célébrer cette journée car nous y menons deux projets clés : le projet d’appui au leadership féminin et celui d’agroécologie, qui s’étend à la fois au Sénégal et à la Guinée-Bissau », a expliqué Sanoussy Camara. Ces initiatives visent à renforcer les capacités des femmes rurales, en leur offrant un soutien pratique et stratégique pour leur autonomie et leur développement. Un autre moment important de la journée a été l’inauguration de l’espace des femmes, financé par BISCAYA et mis en place grâce au partenariat avec l’APCCP. Ce centre vise à être un lieu de rencontre et de renforcement des capacités pour les femmes de la commune.
Les difficultés des femmes rurales de la région restent toutefois nombreuses. « Les femmes rurales sont confrontées à un manque de ressources, tant financières qu’accès à la terre », a constaté Mme Diédhiou. Bien qu’elles aient accès à la terre, celle-ci ne leur appartient souvent pas, ce qui empêche leur véritable épanouissement économique. À ces obstacles s’ajoutent des défis liés à l’accès au financement, mais aussi à la prise de décision au sein des projets de développement. Les femmes rurales, notamment celles de Casamance, souffrent d’une exclusion dans les processus décisionnels, souvent conçus sans leur consultation. « Les projets sont souvent élaborés sans prendre en compte leurs besoins réels », a précisé Sanoussy Camara.
L’inaction ou la mauvaise prise en compte des besoins spécifiques des femmes rurales dans les projets de développement a des conséquences directes sur leur capacité à s’impliquer activement dans la gestion de leur avenir. « Certaines femmes, parce qu’elles n’ont pas eu accès à l’école ou ne maîtrisent pas le français, se sentent parfois mises à l’écart des décisions qui affectent leur quotidien », a ajouté Sanoussy Camara.
Pour relever ces défis, il est crucial de mettre l’accent sur la formation et l’accès au financement pour ces femmes, en particulier dans les zones affectées par le conflit en Casamance. « Il est nécessaire d’étudier les créneaux où les femmes peuvent exploiter les ressources naturelles de manière durable, comme dans l’agriculture et l’agro-transformation », a suggéré Sanoussy Camara. La région dispose d’un potentiel énorme, mais manque encore des infrastructures et du savoir-faire nécessaires pour transformer les produits agricoles locaux en valeur ajoutée.
Enfin, la mise en place d’un système de crédit revolving au niveau de la commune de Boutoupa Camaracounda devrait offrir une bouffée d’oxygène aux femmes rurales. Ce système permet aux femmes de se prêter de l’argent entre elles, avec des taux d’intérêt et des modalités de remboursement fixés par les bénéficiaires elles-mêmes. Ce type d’initiative est crucial pour soutenir l’entrepreneuriat féminin et faciliter l’accès aux ressources nécessaires pour la croissance économique.
Sanoussy Camara a conclu en soulignant qu’il est essentiel de continuer à travailler avec les partenaires locaux et internationaux pour soutenir l’autonomisation des femmes rurales. « Les possibilités existent, il faut juste y investir les ressources nécessaires et offrir les formations adaptées pour que ces femmes puissent véritablement se libérer des chaînes de la pauvreté et de l’exclusion. »
Emedia