Si le Mali venait à tomber entre les mains des rebelles, ce seraient des factions djihadistes rivales qui s’affronteraient dans des guerres interminables, entraînant une contagion inévitable à d’autres pays de la sous-région. Un tel scénario plongerait l’Afrique de l’Ouest dans un chaos sécuritaire durable, ruinant pour des décennies toute perspective de développement économique.
Thierno Alassane Sall, député à l’Assemblée nationale du Sénégal et président du mouvement République des Valeurs, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Celui qui avait déjà mis en garde contre une rupture totale du dialogue avec les juntes du Sahel, rappelle que la communauté internationale s’est piégée elle-même. En optant pour un régime strict de sanctions et en coupant les canaux de communication, la CEDEAO et ses partenaires ont, selon lui, offert aux régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger le huis clos qu’ils recherchaient pour écarter leurs oppositions internes.
Cette erreur stratégique a conduit à un désengagement progressif de la communauté internationale, comme si les crises du Sahel pouvaient être confinées à leurs frontières. Or, les bouleversements qui secouent aujourd’hui le Mali risquent d’avoir des conséquences dévastatrices bien au-delà de ses limites territoriales.
L’heure n’est pourtant pas au fatalisme. Thierno Alassane Sall estime qu’il est encore possible d’éviter l’effondrement total du pays, à condition d’agir sans délai. La situation sur le terrain se dégrade rapidement : les villages tombent les uns après les autres, les populations fuient, et les chancelleries occidentales évacuent leurs ressortissants, signe précurseur d’un désastre annoncé.
Le régime en place à Bamako, isolé et affaibli, semble avoir épuisé toutes ses cartes. Les mercenaires de Wagner, puis leurs supplétifs, ont disparu des radars. Même la ville-garnison de Kati, cœur du pouvoir militaire, peine désormais à sécuriser ses alentours. Les djihadistes du JNIM multiplient les attaques, s’emparant de camions-citernes et visant l’approvisionnement en carburant du pays. Leur stratégie est claire : paralyser le Mali en le privant d’énergie, d’électricité et de denrées essentielles.
Dans ce contexte, Thierno Alassane Sall appelle à une action concertée, urgente et coordonnée, à la fois au niveau régional; au sein de la CEDEAO et de l’Union africaine; et au niveau international. Il estime que le Sénégal, en raison de sa proximité géographique et de sa stabilité relative, a une responsabilité particulière pour prévenir l’embrasement général.
« Nous sommes tout près de l’épicentre du cataclysme », avertit-il. Sauver le Mali, insiste-t-il, ce n’est pas seulement sauver un pays frère, c’est préserver l’équilibre de toute la sous-région ouest-africaine.
Emedia









