La relation entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI) traverse depuis plusieurs mois une zone de turbulences. Entre les dérapages budgétaires hérités de la période préélectorale, les tensions de trésorerie et les doutes des investisseurs, le pays risquait une situation délicate : voir une partie des décaissements du FMI requalifiée en « sommes indûment reçues ». Autrement dit, être sommé de rembourser immédiatement ce qui avait déjà été versé.
Dans ce contexte, la perspective d’obtenir un « waiver », c’est-à-dire une dérogation, représente une véritable bouffée d’air pour l’économie nationale.
Qu’est-ce qu’un waiver ?
Un waiver est une dispense officielle que le FMI accorde à un pays lorsqu’il n’a pas respecté certains engagements inscrits dans son programme : limites de déficit, réformes prévues, gestion de la dette, transparence budgétaire, etc.
Sans cette dérogation, le FMI peut suspendre son programme, bloquer les nouveaux financements, voire exiger le remboursement immédiat des montants considérés comme non conformes. Avec un waiver, les décaissements passés sont validés rétroactivement et le programme continue sans rupture de financement.
Pourquoi le Sénégal en avait besoin ?
Le pays se trouvait dans une situation fragile. Les écarts budgétaires de 2023-2024, combinés aux dépenses publiques mal alignées sur le programme initial, avaient suscité l’inquiétude de la mission du FMI. L’économie sénégalaise, déjà sous pression, ne pouvait se permettre un remboursement abrupt ni une suspension du soutien financier international.
L’obtention d’un waiver signifierait que : les manquements sont reconnus mais jugés justifiables ou corrigibles ; le FMI fait confiance aux mesures de redressement engagées par les nouvelles autorités ; le Sénégal reste sur une trajectoire de stabilité macroéconomique.
Une bouffée d’air, mais aussi une responsabilité
Un waiver n’est pas un chèque en blanc. Il est accordé lorsque le pays présente un plan de correction crédible : meilleure discipline budgétaire, efforts de transparence, lutte contre les dépenses non prioritaires, et recentrage des investissements publics.
Pour le Sénégal, c’est à la fois une respiration et un signal fort : les partenaires internationaux saluent la volonté de rétablir la rigueur financière, mais attendent une exécution cohérente et durable.
Conclusion
La possibilité d’obtenir un waiver apparaît aujourd’hui comme un facteur clé pour stabiliser les finances publiques, rassurer les marchés et redonner du souffle à l’économie sénégalaise. Mais cette dérogation s’accompagne d’un impératif : transformer cette marge de manœuvre en opportunité pour renforcer la gouvernance, assainir les comptes publics et restaurer une trajectoire de croissance solide et crédible.
Chérif Salif Sy









