Face à une situation jugée préoccupante, AARTU/C2D tire la sonnette d’alarme et accuse le pouvoir en place, incarné par le président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko, d’entraîner le Sénégal dans une direction dangereuse pour la stabilité du pays. Entre difficultés économiques, opacité dans la gestion publique et crispations institutionnelles, le Front républicain estime que les fondements de la République sont fragilisés.
Selon AARTU/C2D, la gouvernance actuelle serait marquée par une improvisation économique qui accentue l’inflation, le chômage et la dégradation des services publics. La révélation de montants colossaux assimilés à des « dettes supposées cachées » aurait entraîné la suspension du programme de 1,8 milliard de dollars conclu avec le FMI, un épisode qui, pour les signataires, a ébranlé la confiance des partenaires financiers et des marchés. La dette publique élargie, qui atteindrait près de 132 % du PIB, fait craindre des coupes sévères dans les dépenses sociales et une pression fiscale accrue sur les ménages et les petites entreprises.
L’affaire ASER – AEE Power EPC, liée à un marché d’électrification rurale de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA, cristallise également les critiques. AARTU/C2D dénonce une utilisation opaque des avances et un manque de réponses satisfaisantes aux interrogations d’un bailleur international, laissant planer le doute sur l’usage des fonds garantis par l’État. Pour les signataires, la multiplication de discours autour de la « souveraineté économique » ne saurait remplacer la transparence et la rigueur budgétaire exigées d’un État responsable.
Sur le plan sécuritaire, le mouvement juge inquiétante l’absence de stratégie claire face à la montée des menaces dans la sous-région. Alors que les groupes jihadistes progressent au Sahel et que des États voisins s’affaiblissent, AARTU/C2D reproche au gouvernement une communication rassurante mais dépourvue de vision d’ensemble. La diplomatie sénégalaise, auparavant saluée pour sa constance, serait aujourd’hui en perte de lisibilité, au moment même où le pays devrait renforcer son rôle dans la réponse régionale. Pour le Front républicain, croire le Sénégal à l’abri des tensions sahéliennes relève d’un « déni potentiellement dangereux ».
L’organisation pointe également un style de gouvernance qu’elle juge populiste et hypercentralisé, marqué par une personnalisation excessive du pouvoir. Les rivalités internes au sein de la coalition au pouvoir seraient le symptôme d’un système davantage préoccupé par ses propres tensions que par les défis du pays. Le cadre du dialogue national, perçu comme unilatéral, et la marginalisation des voix critiques alimenteraient, selon AARTU/C2D, un glissement autoritaire.
Face à ce qu’il décrit comme une triple crise; économique, sécuritaire et démocratique; le mouvement appelle à la constitution d’un large Front républicain. Celui-ci entend fédérer les forces attachées à la démocratie, à la justice sociale et à une gouvernance efficace. L’objectif : dénoncer l’opacité des comptes publics, proposer une alternative crédible fondée sur la transparence, la production, l’emploi et une stratégie sécuritaire réaliste, et mobiliser la société sénégalaise ainsi que la diaspora.
AARTU/C2D annonce dans ce cadre une grande manifestation prévue le 6 décembre 2025 à Paris, destinée à alerter l’opinion publique sur les « dérives » qu’il attribue au régime actuel et à promouvoir un sursaut républicain. Porté par un ensemble de personnalités politiques issues de différents courants, le mouvement se veut un point de ralliement pour ceux qui s’opposent à ce qu’ils qualifient d’incompétence et de populisme, et qui souhaitent défendre les valeurs fondamentales de la République.
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