La région de Ziguinchor a accueilli, en prélude à la Journée mondiale des toilettes, un atelier de réflexion consacré au thème : « L’assainissement dans un monde en mutation ». Présidant l’ouverture des travaux, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Dr Cheikh Tidiane Dieye, a souligné l’importance de tenir cette rencontre technique dans une région où les réalités géographiques et sociales accentuent les défis liés à l’accès aux toilettes.
Le ministre a salué l’initiative de la Direction de l’assainissement d’organiser cet échange en Casamance, rappelant que si les enjeux de l’assainissement touchent tout le pays, ils prennent une dimension particulière dans les zones insulaires. « La nature des sols, les difficultés d’accès et les spécificités géoclimatiques compliquent l’installation d’infrastructures adaptées », a-t-il rappelé. Selon lui, inscrire cette problématique au cœur de la Journée mondiale des toilettes est « un choix judicieux » qui permettra de nourrir les politiques publiques en cours d’élaboration.
Dr Cheikh Tidiane Dieye a également assuré que les plus hautes autorités, du Président de la République au Premier ministre, accordent une importance majeure aux conclusions de cet atelier. Les résultats attendus devront, selon lui, constituer des leviers essentiels pour renforcer l’équité territoriale dans l’accès à l’assainissement. Il a affirmé vouloir suivre personnellement les présentations des experts afin de traduire leurs recommandations en actions concrètes. Le ministre a par ailleurs remercié les représentants des îles venus témoigner des difficultés rencontrées sur le terrain, assurant que « le gouvernement a le souci de vous accompagner et de trouver des solutions ».
Prenant la parole à son tour, la directrice exécutive de l’IPAR, Mme Laure Tall, a exprimé sa gratitude pour la présence du ministre qu’elle a qualifiée de geste fort, marquant l’attention portée à cette rencontre préparatoire. Elle a rappelé que la Journée mondiale des toilettes représente bien plus qu’un événement symbolique : « L’assainissement n’est pas un privilège, c’est un droit humain et un impératif de santé publique. »
Laure Tall a dressé un tableau préoccupant de la situation mondiale : 3,8 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à un assainissement sûr et près de 500 millions pratiquent encore la défécation à l’air libre. Les zones insulaires, en particulier, cumulent fragilités écologiques et déficit d’infrastructures. Elle a rappelé que les îles de la Casamance font face à l’érosion, à la montée des eaux, à la salinisation des nappes et aux inondations récurrentes, autant de facteurs qui compromettent la durabilité des ouvrages d’assainissement et compliquent l’intervention publique.
L’IPAR, a-t-elle indiqué, travaille depuis plusieurs années sur les questions d’eau, d’assainissement et de résilience climatique. Ses collaborations avec les directions de l’assainissement et de l’hydraulique ont permis de produire une étude stratégique de référence sur les îles de la Casamance, intégrant les enjeux climatiques aux politiques sectorielles. Cette démarche, selon elle, traduit une volonté partagée de s’appuyer sur les données locales pour éclairer les décisions.
Mme Tall a appelé les participants; collectivités, universitaires, société civile et partenaires, à examiner les résultats de l’étude et à proposer des solutions innovantes, qu’elles soient technologiques, institutionnelles ou fondées sur la nature. « Je suis novice dans le domaine, mais j’écouterai avec beaucoup d’intérêt. Le portage que l’IPAR peut assurer sera fait, pour nourrir les déclarations de demain et contribuer à une décision éclairée au bénéfice des populations », a-t-elle conclu.
L’atelier ouvre ainsi une série d’activités qui culmineront demain à Nyassia, en présence des autorités, dans une dynamique de mutualisation et de solidarité gouvernementale autour de l’un des défis les plus pressants du développement territorial : garantir un assainissement digne, équitable et résilient pour tous.
Emedia








