Président de l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (Acsif) a accordé un entretien à Bés bi, en marge du forum de l’Artp, sur le dossier de la Poste. Famara Ibrahima Cissé a également abordé le contentieux opposant Bocar Samba Dièye à la Cbao, mais encore sur les complaintes des usagers des banques.
Depuis plusieurs années, vous défendez les intérêts des clients et sociétaires des institutions financières. Où en êtes-vous dans ce combat ?
C’est un combat qui nous tient à cœur. Vous avez dernièrement eu écho que les agents de la Cbao sont en grève parce que tout simplement c’est une banque qui est dans la délinquance financière. C’est une banque qui ne traitent pas non seulement correctement ses usagers, mais aussi ses employeurs. Mais le combat continue contre les abus bancaires, concernant la mobilité bancaire c’est-à-dire, le changement de banque, la qualité de service, concernant aussi le coût de certains services bancaires qui sont exorbitants. Donc, nous ne cesserons de mener ce combat pour que le pouvoir d’achat du travailleur sénégalais connaisse une certaine stabilité et ne soit pas affaibli par les montants exorbitants, injustement facturés dans les institutions bancaires.
Est-ce que vous continuez aujourd’hui à recevoir les complaintes des usagers des banques ?
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Absolument, énormément de complaintes d’ailleurs, surtout des entreprises. Les entreprises sénégalaises sont en difficulté parce que le coût du capital est excessivement cher, les services coûtent excessivement chers. Donc, nous continuons à recevoir des complaintes des usagers, des agents économiques de manière générale, entreprises et personnes physique que nous sommes en train de traiter avec beaucoup de satisfaction. C’est pourquoi nous lançons un appel à toutes les entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises à se mobiliser pour leur compétitivité, parce que le coût du capital et les services facturés au Sénégal empêchent ses entreprises, ses Start-up de faire des bénéfices. Egalement, cela joue sur leurs chiffres d’affaires, réduit énormément leur bénéfice. Et si le bénéfice des entreprises est réduit, fondamentalement nous allons vers des licenciements, des conséquences qui feront même disparaitre certaines entreprises.
Avez-vous eu à gagner certains de vos combats ?
Absolument ! Pour certaines banques, elles reconnaissent les faits et changent leurs procédures. Pour d’autres, nous sommes au tribunal pour amener la justice à trancher en faveur de ces entreprises ou agents économiques, parce que tout le monde sait que nous sommes dans un contexte où les pratiques bancaires avilissent et portent un coup dur au bénéfice des entreprises.
Où en êtes-vous avec le combat que vous menez pour Bocar Samba Dièye contre la Cbao ?
Nous y sommes toujours parce qu’aujourd’hui, la Cour de cassation a pris une décision annulant la décision de la Cour d’Appel. Ce qui est inexplicable, d’autant plus que depuis deux mois, nous sommes en train d’attendre cette décision qui tarde à sortir parce que, justement, nous aimerions bien connaitre les motivations de cette décision qui a jugé Bocar Samba Dièye par défaut, alors que tout le monde sait que Bocar Samba Dièye a trois cabinets d’avocats et ne peut pas être jugé par défaut. Donc, nous attendons fermement cette décision que la justice ne voudrait pas sortir. Mais en tout état de cause, ce qu’il faudra retenir, c’est que les experts commis par la justice pour faire le contrôle de la relation d’affaires entre Bocar Samba Dièye et la Cbao, ont été catégoriques et clairs. Tous ont reconnu que la Cbao devait de l’argent à Bocar Samba Dièye. Un juge ne peut pas passer outre et ne peut pas motiver une décision de justice, sans se baser sur des rapports d’expertise qui ont été fermes là-dessus. Donc, nous allons attendre la décision et continuer la procédure, tout en appelant l’opinion publique nationale et internationale à se mobiliser contre la forfaiture, contre le vol orchestré par certaines institutions bancaires.
Et sur le cas de la Poste, y a-t-il eu des avancées dans la bataille menée par les travailleurs ?
La situation de la Poste est carabinée et là nous interpellons l’Etat du Sénégal et la banque centrale. Il est inacceptable qu’un chèque soit rejeté parce que tout simplement la Poste a des difficultés. Aujourd’hui votre compte a de la provision, vous faites un chèque barré et ce chèque revient impayé. C’est inacceptable ! La banque centrale devait exclure la Poste de la compense et prendre des mesures.
Beaucoup d’usagers de la banque n’arrivent pas à voyager, ceux qui avaient épargné pour les études de leurs enfants ne peuvent pas récupérer cette épargne, ceux qui voulaient partir à la Mecque ne pouvaient pas non plus le faire. Donc, il y’a une manne financière appartenant aux usagers et qui est confisquée par la Poste. C’est pourquoi la banque centrale doit prendre ses responsabilités, parce que pour certains ce sont des dépôts à vue, pour d’autres, des épargnants, alors que le rôle de la banque centrale, c’est de protéger l’épargne. L’Etat aussi doit réagir pour recapitaliser la Poste.
La Poste est un joyau national qui ne doit pas disparaitre parce que justement, ce sont des années d’expérience auprès des populations. La Poste doit ajuster ses pratiques au numérique mais aussi être recapitalisée pour gagner la confiance des usagers. Donc, nous attendons l’Etat fermement sur ses questions et demandons aux usagers de ne pas complétement abandonner la Poste, parce que c’est une entreprise nationale qui va nous servir de régulateur pour faire baisser les prix, parce que les entreprises financières que nous avons au Sénégal, sont les entreprises étrangères. Il faut donc fondamentalement, pour tirer les prix vers le bas, qu’il y ait des entreprises nationales qui sont dans le social, qui vont baisser les coûts, pour amener les entreprises étrangères à revoir leur coût du fait de la concurrence.
Mais apparemment, il y a un gros travail de communication à faire, parce que quasiment, tous les usagers ont tourné le dos à la Poste ?
Effectivement, parce qu’en matière de finances, il faut le capital fondamentalement, il faut la crédibilité de l’institution, il faut la confiance. Aujourd’hui, la Poste a perdu son capital, sa crédibilité et les usagers n’ont plus confiance en elle. Mais je pense qu’une bonne politique amènerait les usagers à rejoindre encore la Poste, si des mesures rapides et efficaces sont prises par l’Etat du Sénégal, parce qu’il ne s’agit pas seulement de changer de directeur, mais il s’agit de recapitaliser et de donner plus de crédibilité à l’institution pour installer la confiance entre les usagers, les agents économiques de manière générale, et la Poste.