À l’occasion de la Journée africaine de la lutte Anti-corruption, Amnesty International a organisé ce mardi 11 Juillet une conférence de presse de lancement d’un nouveau rapport sur la corruption et les droits humains dans la région Afrique de l’Ouest et du Centre. Entre 2022 et 2023, l’organisation a mené des recherches sur les répressions et attaques que les activistes de la lutte anti-corruption dans 19 pays de la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre tout en explorant l’impact de ces attaques sur l’état des droits humains d’une manière générale.
Dans un rapport intitulé « La lutte contre la corruption en péril. La répression contre les défenseur·e·s anticorruption en Afrique de l’Ouest et du Centre », l’organisation montre que, dans 19 pays de la région, les défenseur·e·s des droits humains qui combattent la corruption risquent des arrestations, du harcèlement, des placements en détention, de lourdes amendes et même la mort en dénonçant ces agissements. D’autres font l’objet de procès et de poursuites pénales, en violation de leur droit à la liberté d’expression.
« La répression que subissent les défenseur·e·s des droits humains qui combattent la corruption en Afrique de l’Ouest et du Centre est très préoccupante. Ces personnes jouent un rôle crucial dans la lutte contre la corruption et ainsi dans la défense des droits fondamentaux. Pourtant, elles sont la cible d’attaques, d’intimidation, de harcèlement et de persécution lorsqu’elles font éclater la vérité », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
Par ailleurs, Amnesty International plaide pour de meilleures lois pour protéger les personnes qui combattent la corruption. « Les défenseur·e·s des droits humains qui combattent la corruption sont confrontés à un manque de lois permettant de les protéger, à des institutions judiciaires biaisées et à une culture de l’impunité qui laisse les pratiques malhonnêtes et les abus de pouvoir impunis. Parallèlement, les autorités ont adopté des lois répressives pour restreindre l’exercice des droits fondamentaux et utilisé des lois existantes pour faire taire les voix critiques, y compris les lanceurs et lanceuses d’alertes, qui jouent un rôle crucial en signalant ces agissements », indique l’organisation internationale.
Toutefois, Amnesty International appelle les États à adopter et améliorer les lois qui protégeraient ces défenseur·e·s des droits humains contre les représailles et créeraient un environnement au sein duquel ils et elles pourraient enquêter et faire des rapports en toute sécurité sur la corruption et ses implications en matière de droits humains. Actuellement, seuls la Côte d’Ivoire, le Mali et le Niger ont adopté des lois sur la protection des défenseur·e·s des droits humains, et seul le Ghana possède une législation visant spécifiquement à protéger les lanceurs et lanceuses d’alertes.
Dix pays de la région ont adopté des textes concernant l’accès à l’information, qui permettent aux citoyen·ne·s d’obtenir des informations détenues par des organismes publics et de demander des comptes aux personnes et entités détentrices du pouvoir. Néanmoins, les frais à payer pour obtenir ces informations et l’idée reçue selon laquelle ces lois sont destinées uniquement aux journalistes restent un frein à leur application. Amnesty International appelle également les États à adopter des lois, des politiques, et à mettre en œuvre des pratiques pour se protéger fermement contre la corruption et à poursuivre les responsables de cette corruption.