Une cinquième destination se dessine dans la carrière professionnelle de Sadio Mané, le temps qu’elle se précise davantage. On en parle de plus en plus. Pas un jour où le moindre pas n’est pas franchi vers un départ de la star sénégalaise du Bayern. Pas un jour où la presse sportive n’aborde pas le sujet. Du conditionnel à l’affirmatif, de la simple interrogation à la quasi-certitude, la presse en a fait un sujet de premier plan avec des commentaires qui prennent la même direction à travers des mots qui ont la même résonance. Parce qu’une destination prestigieuse et prisée s’est subitement transformée en brève escale mouvementée comme le passage du rêve au cauchemar. Le temps d’une rose que l’on peut assimiler au plus court visa Schengen jamais délivré à un footballeur de son rang et de son talent. Parce qu’entre une arrivée en force et un départ forcé, il n’y a eu qu’une saison avec des mois en moins pour raison de blessures qui ont entraîné logiquement des performances sportives en deçà des attentes du club bavarois. Une Coupe du monde ratée. Entre Sadio et le Bayern, plus rien ne pourra désormais surprendre le monde du football, puisque la recrue choyée, arrivée en grande pompe en début de saison dernière, est en train de se confondre aujourd’hui avec un hôte encombrant et onéreux. Il y a quelques jours, la fissure à peine détectable au microscope au détour du discours de Tuchel est devenue un cratère visible. Un amas d’hypothèses, d’indices et de suppositions empilés qui incluent les informations en provenance de l’Arabie saoudite qui, à leur tour, en rajoutent chaque jour une nouvelle couche à la confusion.
Sadio, ce bien public commun
L’affaire est en passe de devenir un véritable feuilleton d’été. C’est aussi ça la réalité du mercato parfois qualifié de marché de dupes. On vante la marchandise qu’on ne détient pas, on crée des destinations qui n’existent pas et on invente des pourparlers qui ne se sont pas tenus. Toute cette agitation tient à la place que Sadio occupe dans nos cœurs. Il est ce bien public commun, cet exemple de réussite basé sur le travail, le talent et des valeurs. Ses choix, sa trajectoire, ses moindres faits et gestes ne laissent aucun Sénégalais indifférent. C’est tout cela qui pèse et qui alimente de larges discussions teintées d’inquiétudes et de curiosités à la fois. Sur le sujet, l’intéressé, lui, garde toujours un mutisme total. Pas un seul mot de Sadio ni de son entourage immédiat. Un silence finalement assourdissant qui impose la prudence et la retenue. Un silence mué en stratégie d’attente comme ces grands blessés de guerre qui préfèrent rester stoïques dans la douleur. Plus qu’un dilemme, c’est peut-être aussi un choix cornélien à faire pour la suite de sa carrière. Partir dans un environnement plus clément et financièrement intéressant, ou rester là où on ne vous fera plus de cadeau. Là où les faits de vestiaires ont supplanté les faits de jeu. Là où le portrait lisse d’homme calme à pris sa première écorchure. Là où les sanctions, pécuniaire et sportive ne suffisent pas. Là où, enfin, la corde de la réciprocité affective n’est pas loin de se briser. La décision viendra du Bayern et Sadio se chargera du choix. Il le fera certes seul, mais tous les Sénégalais le suivront et le soutiendront partout où il sera.