Abordant les conclusions du dialogue politique et leur application dont la révision constitutionnelle au profit de Khalifa Sall et Karim Wade qui devraient recouvrer leur éligibilité, le membre de la Conférence des leaders de Yewwi Askan Wi (Yaw), Moustapha Guirassy, n’a pas été complaisant.
Invité du Jdd, ce dimanche 30 juillet, il explique : “Les modifications de la Constitution, quand elles deviennent conjoncturelles et pas structurelles, on est vraiment en train de vivre des moments dangereux. Et c’est ce qui est en train de se passer. Je suis content pour Khalifa et Karim mais je suis mécontent et insatisfait parce qu’encore une fois, c’est trop personnalisé, c’est trop ciblé.”
“Il faudrait aller dans une logique impersonnelle et donner une portée générale à ces modifications et révisions”. Il poursuit : “Je ne veux pas personnaliser la chose en parlant de Karim et de Khalifa. Mais, très sincèrement, je parle du chef, de notre pays, de notre démocratie, de notre Constitution. Je dis que c’est regrettable que les pays africains, le rapport qu’ils ont avec la Constitution, c’est extrêmement grave. Chaque fois qu’il y a des modifications de la Constitution, on est en train de semer les germes de troubles futurs.”
Avant de conclure : “L’histoire de la Crei, on a vu sous Diouf, qu’on a voulu instrumentaliser nos lois pour cibler une ou deux personnes. On a vu ce que ça a donné. Un Karim out, et tout un débat pollué pendant des années, simplement parce qu’on s’est trompé, qu’on a politisé et instrumentalisé. On est en train de suivre la même logique. Malheureusement, on dit oui à un dialogue, ça a permis à Karim et Khalifa,… Mais, il faudrait qu’on voit ce que nous perdons quelque part. Il faut qu’on comprenne à terme que nous avons mis dans ces modifications, les germes de nos contentieux et conflits futurs. C’est à dire qu’à chaque fois qu’on modifie pour personnaliser, quelqu’un d’autre va venir, la première chose qu’il va faire, c’est de modifier la Constitution pour se protéger et pérenniser son système. Il faudrait donc de la hauteur, l’éveil des consciences, comme le disait Ousmane Sonko, il faut que le peuple comprenne ce qui se passe, et résiste. Il y a une façon de toucher à cette Constitution qui est normale. Rien n’est parfait. Des textes de lois, une Constitution, peuvent être modifiés dans le temps quand la situation l’exige. Mais, qu’on parte simplement par voie référendaire, que le peuple donne son point de vue.”
Par ailleurs, justifie-t-il, avant la réforme de la Crei en pool judiciaire financier (Pjf), il fallait faire “le procès de l’administration publique”, tout en interrogeant “l’efficacité des corps de contrôle.” “Ils existent et pourtant il y a eu enrichissement illicite. C’était l’occasion de repenser de façon plus profonde et plus sérieuse nos Institutions comme par exemple la Crei. Mais, dans la précipitation, ça devient suspect, ça devient personnalisé et c’est quelque part un groupe qui veut se protéger. Au nom d’un dialogue, on est en train de piéger le peuple sénégalais”, assène l’opposant.