Je suis de ceux qui pensent que chaque génération, a sa lutte pour son émancipation.
Je suis de ceux qui croient que vous êtes cette jeunesse digne et responsable de Ziguinchor.
Je suis de ceux qui croient en votre capacité de résilience !
Mais depuis les événements de Mai et Juin 2023, je ne vous reconnais plus.
Où est passée cette jeunesse si travailleuse et si fière de sa ville ?
De mémoire, je revis encore ces moments de liesse lors des combats de lutte et de football.
Je vous revoie peindre les murs des quartiers aux couleurs de notre nation, le Sénégal, chaque fois que votre idole ou notre pays est en compétition sportive au niveau national et/ou international.
Je vous revoie faire du set-setal, désherber les écoles, les cimetières, curer les caniveaux ! C’est de cette jeunesse dont nous parents sommes fiers. Où est-elle passée ?
Je peux comprendre que vous ayez des frustrations, des colères voire des rancœurs mais de grâce ne vous autoflagellez pas. Protégez votre ville au lieu de la détruire.
Vous avez bloqué toute la ville Ziguinchor. Les activités économiques sont complètement paralysées, alors que partout au Sénégal les citoyens vaquent à leurs occupations
Paralyser une ville, un département, une région ou un pays n’augure rien de bon pour nous tous.
Pensez à vos mamans qui se lèvent tous les jours de la semaine dès l’aurore occupant les rues, les ruelles, les marchés pour ramener de quoi vous nourrir.
Au moment où je vous écris ces mots, elles sont toutes assises à la maison complétement désemparées.
Ne leur ôtez pas la seule dignité qui leur reste et dont elles sont fières.
Depuis quelques jours, plus personne ne vient à Ziguinchor malgré les multiples préoccupations des uns et des autres, simplement parce que les transport terrestre, fluvial et aérien est limité si ce n’est pas déjà à l’arrêt complet.
Depuis hier des passagers sont bloqués à Dakar, et à Ziguinchor car la ville de Ziguinchor est bunkerisée.
Depuis quelques jours, toutes les organisations de soutien à l’agriculture ne sont plus actives alors que nous sommes en pleine saison des pluies.
Toutes les banques sont obligées de fermer leurs guichets plus tôt et pas même du tout.
Depuis quelques jours, tous ces jeunes qui gagnaient un peu d’argent avec leurs motos sont au chômage.
Etc…………………………………………
Dans un avenir proche nous manquerons de tout. Une situation qui risque de catalyser une surenchère des prix auxquels nous serons obligés de faire face en payant avec nos maigres ressources, si tant est qu’il en reste.
Dans un avenir proche, nous aurons faim, et nous n’aurons plus personne pour nous nourrir car l’interruption du fil d’approvisionnement de la ville aura des conséquences directes ou indirectes sur notre quotidien.
Depuis vendredi dernier aucun camion ne traverse le fleuve Gambie pour la ville de Ziguinchor.
Dans un avenir proche plus personne ne nous soignera si nous tombons malades, car nous ne trouverons plus les médicaments, quand bien même, les praticiens consciencieux feraient des kilomètres à pied pour rejoindre les centres de santés et les hôpitaux, lesquels d’ailleurs curieusement sont barricadés par les manifestants….
Pendant que nous nous enfermons, pendant que nous paralysons notre ville, pendant que nous entravons la libre circulation dans Ziguinchor, les autres villes se protègent, tout en développant d’autres moyens d’expression.
J’en appelle aux parents, aux imams, aux prêtres pour une conscientisation de notre jeunesse. Les enjeux dépassent largement la cadre de simples manifestations. Il y va de notre survie.
J’en appelle aussi à l’Etat du Sénégal qui doit garantir la libre circulation des personnes et des biens, car c’est son rôle.
Jeunes de Ziguinchor, je vous en supplie ! Ne détruisez pas votre ville qui a tant souffert. Exprimez vous autrement tout en préservant votre ville.
PS : Je n’ai pas la prétention de porter un jugement de valeur sur votre engagement. Je ne m’y autoriserais pas. Simplement vous alerter sur les conséquences de la méthode de lutte.