Chez les Sow, à la Sicap Liberté 2, un peu avant midi ce vendredi 4 août, on n’est toujours pas tombé d’accord sur le mets à servir au déjeuner. « Faites vos propositions mais le plat ne devra pas utiliser trop d’oignons. Il faut en tenir compte», préconise l’aînée de la famille.
« C’est vrai que c’est très cher. Ablaye, le gérant de la boutique du coin, vend le kilo à 1000 F CFA », relève la bonne. Sa patronne la coupe : « Ce n’est pas uniquement une question de prix. Il faut d’abord en trouver.»
Rentrée en coup de vent hier dans la boutique, une dame, en robe ample, est ressortie comme elle était entrée après avoir jeté un coup d’œil dans le casier où le boutiquier garde ses oignons. « Tes oignons sont trop petits », peste-t-elle, avant de repartir bredouille.
Une situation difficilement vécue par Alphonsine Diatta. Tresses relevées à l’aide d’un foulard, la vendeuse de petit-déj, de teint foncé, confirme la flambée constatée sur le coût de l’oignon. Ses bénéfices s’en ressentent, se lamente-t-elle. « Je me retrouvais jusqu’à 5000 ou 6 000 F CFA de bénéfices. » Elle signale d’un ton amer que la situation a changé cette semaine. Elle achète, estime-t-elle, le kilo d’oignons à 1200 F CFA, contre 600 F CFA, la semaine d’avant.
Installé dans son Tangana près du marché Castor, Mamadou Diallo, trouvé en train de préparer de la mayonnaise, n’est pas mieux loti. L’homme à la barde grise nous confie qu’il a dû baisser sa commande. « Je commandais jusqu’à dix kilos. Mais là, j’ai réduit. J’achète un kilo seulement par mesure de précaution. »
Au marché Castor, les prix affichés donnent le tournis aux ménagères. Le sac de 25 kilos d’oignons s’échangent à 25 000 F CFA, contre 15 000 F CFA, avant la Tabaski. Selon des commerçants interrogés, la tension est due au blocage des importations.
Toutefois, s’adressant au Premier ministre, Amadou BA, lors de la tournée initiée par ce dernier avant la célébration de la Tabaski, en juin dernier, le président national du collectif des commerçants du Sénégal, Moussa Ndao, avait expliqué que le problème de disponibilité de l’oignon ne se posait pas au Sénégal, qui avait même commençait à exporter la denrée dans la sous-région et même en Europe dans des pays comme la Hollande. Mais, il restait « à relever le pari du stockage », avait-il insisté.