Ceux qui accusent l’ancien Président Mahamadou Issoufou d’être impliqué dans le coup d’État du 26 juillet 2023 au Niger n’ont pas tort. Les langues commencent à se délier et les informations qui montrent clairement la main du prédécesseur de Mohamed Bazoum alimentent les conversations au bord du fleuve Niger.
Tenez, le jour du putsch, la Garde républicaine et la Gendarmerie nationale ont sonné l’alerte et mobilisé les hommes pour organiser la riposte afin de mettre fin aux agissements inacceptables de la Garde présidentielle qui tient en otage le président de la République, son épouse et son fils Salem âgé de 20 ans. Le chef d’état-major des forces armées nigériennes convoque, à cet effet, une réunion au Prytanée militaire de Niamey pour la mise en place effective de la stratégie de résistance afin de mettre en échec cette aventure périlleuse du commandant de la garde présidentielle.
Informé de cette initiative, Mahamadou Issoufou téléphone individuellement et personnellement au commandant adjoint de la gendarmerie le colonel-major Abdoul Karim Hima dit Mayer, au colonel Ahmed Sidien, commandant en second de la Garde républicaine et à l’inspecteur général de la police Assabaha Ibawangal directeur adjoint de la police nationale pour souhaiter les rencontrer à son domicile. Il sait pertinemment que s’il contacte leurs chefs hiérarchiques, ils ne l’écouteront pas et resteront loyaux. Au cours de l’entretien, Issoufou développe des arguments et réussit à les convaincre. Puis il leur demande de rejoindre le général Tchiani au Palais présidentiel.
Le chef d’état-major se rend au Prytanée et constate l’absence des représentants de la Garde républicaine et de la Gendarmerie. La réunion ne se passe pas comme prévu eu égard au poids et à l’importance de la Garde républicaine et de la Gendarmerie dans la stratégie de riposte envisagée contre les preneurs d’otages.
Pendant ce temps, Mahamadou Issoufou missionne son fils Sani Issoufou dit Abba d’aller transmettre de sa part un message au commandant de la Garde républicaine qui se préparait avec d’autres unités à lancer l’assaut sur les positions de la Garde présidentielle. Le message consistait à les dissuader à surseoir à leur projet parce que la médiation qu’il a entreprise va porter ses fruits. Le fils de Mahamadou Issoufou, qui faut-il le rappeler, occupe le prestigieux département ministériel du Pétrole dans le gouvernement de Bazoum, est allé de façon régulière rassurer le commandant de la Garde républicaine que la situation est sous contrôle et que le président de la République sera libéré.
À 17h, le commandant de la Garde républicaine, qui avait mis en place son dispositif et était déjà prêt pour lancer l’assaut, appelle son adjoint pour avoir sa position.
Réponse de l’intéressé: » Je suis au Palais présidentiel »
« Que fais-tu là-bas alors que tu devais être à la réunion au Prytanée et revenir me rendre compte »
Gêné aux entournures, le commandant adjoint se contente de dire ceci »: C’est compliqué à expliquer ». Puis il raccroche au nez de son chef.
Le patron de la Garde républicaine comprend dès lors que quelque chose de bizarre se trame : les traîtres commencent à sortir de l’ombre.
Mahamadou Issoufou poursuit ses intrigues avec certains chefs militaires pour gagner du temps afin que la déclaration du Conseil national de la sauvegarde de la patrie (CNSP) soit lue à la télévision nationale.
Le lendemain, le chef d’état-major des forces armées nationales, devant le fait accompli et suite à des pressions diverses, fait un communiqué annonçant que l’armée s’aligne derrière les putschistes. Quelques jours plus tard, le CNSP le limoge de ses fonctions.
Malgré toutes ces manœuvres, les hommes au niveau des troupes des différentes unités refusent de suivre le général Abdourahman Tchiani qui est un officier très peu apprécié voire détesté au sein de l’armée. C’est ainsi que la carte du général Salifou Modi, qui est de l’ouest, a été utilisée pour que la Grande Muette adhère au putsch. Des messages ont été diffusés pour faire croire que c’est Salifou Modi qui serait désigné à la tête de la junte. Lui aussi a cru naïvement et s’est laissé embarquer dans cette aventure sans issue.
Pourtant quelques semaines auparavant le même Modi est passé par plusieurs personnes dont un membre de la famille très proche du Président Bazoum pour lui dire de se méfier du commandant de la garde présidentielle qu’il qualifie de « très mauvais et dangereux » et suggère qu’il soit limogé. Et il ajoute que Tchiani et Issoufou préparent un putsch. Le Chef de l’Etat ne l’a pas écouté simplement parce qu’il a cité le nom de Mahamadou Issoufou en qui Bazoum voue une confiance absolue.
Et ce qui devait arriver arriva : le général Tchiani a perpétré son coup d’État et les preuves accablent l’ancien Président Mahamadou Issoufou d’être impliqué jusqu’au coup.
Trois autres faits constituent des preuves tangibles de la complicité avérée du Président Issoufou dans ce putsch.
D’une part, Mahamadou Issoufou a condamné tous les coups d’Etat à travers le monde même celui de la Birmanie qui est loin de nos contrées. Mais il n’a pas daigné condamner celui perpétré contre son prédécesseur Bazoum.
Deuxièmement, des proches de Issoufou au sein du PNDS ( parti au pouvoir), notamment Pierre Foumakoye appellent depuis ce 10 août, les responsables départementaux du PNDS à l’intérieur du pays pour leur demander d’accueillir les gouverneurs nommés par la junte.
Troisièmement, les chefs militaires que Mahamadou Issoufou a convoqués à sa résidence ont tous été récompensés par la junte. Le colonel-major Hima et le colonel Sidien ont été nommés respectivement commandant de la Gendarmerie et commandant de la Garde républicaine.
Quant au général Modi hier pourfendeur de Tchiani, il a été piégé par ce dernier avant de lui confisquer le pouvoir. Il n’avait pas d’autre choix que d’accepter d’être le numéro 2 de la junte, un poste figuratif qui ne lui donne aucun pouvoir.
En somme, il s’agit d’un complot mis en œuvre par un groupuscule de traitres et d’assoiffés du pouvoir avec comme parrain Mahamadou Issoufou qui veulent faire main basse sur l’État du Niger.
Il est important de noter que pendant les deux mandats du Président Issoufou il remettait chaque vendredi une enveloppe de 5 millions au général Tchiani, soit 20 millions par mois. En dix ans, cela lui fait la bagatelle de Deux(2) milliards quatre cent (400) millions de francs CFA en dehors de son salaire, des avantages et autres privilèges liés à sa fonction et de la caisse noire de la garde de la sécurité présidentielle qu’il gérait comme son argent de poche. Le Président Bazoum continuait de lui verser tout ce que son prédécesseur lui avait accordé comme avantages et privilèges. Ce n’est donc pas une surprise quand on apprend que la famille de Tchiani est logée actuellement à l’hôtel Mercure de Dubaï où elle mène un grand train de vie avec l’argent du contribuable nigérien et tout ce qu’il a pu détourner dans les caisses de la sécurité présidentielle. Pendant ce temps, les putschistes du CNSP appellent les jeunes nigériens à se sacrifier alors que eux leur famille sont en lieu sûr dans les palaces à Paris, Bruxelles ou Dubaï.