Que d’amertume exprimée par ces néo-opposants (seconds couteaux et porte-paroles d’un « leader » peureux qui avance toujours à visage couvert) après la dissolution de l’Assemblée nationale. Les leçons de morale prodiguées sous le manteau d’« analyste » tardivement mais « nouvellement responsable » usent de mots traduisant un état psychologique chaotique, mélangeant regret, défaitisme et paradoxalement envie désespérée de se battre contre l’impossible (l’oxymore ici est bien à sa place pour exprimer un réel trouble personnel entre ce que l’on voudrait faire et ce l’on peut vraiment faire devant une situation de fait non choisie, non désirée). Citer Descartes, Rousseau, Sénèque, D’Ormesson et tous ces auteurs occidentaux pour des gens qui apparemment ne lisent jamais une œuvre complète mais se contentent du résumé de la 4e page de couverture, ne vous rendra pas plus crédibles. Aux leçons anciennes de « bonne gouvernance », vous avez préféré et substitué les manifestations d’intérêts d’un « gugusse » qui s’est laissé docilement contaminer par le virus de la corruption néo-patrimoniale.
La haine irrationnelle d’un homme vous a rendu complices par dérobade intellectuelle des pires dérives autoritaires dans ce pays, ayant conduit à des dizaines de morts et des milliers de prisonniers politiques (certains arrêtés et torturés pour avoir porté un bracelet aux couleurs d’un parti ou avoir mis la photo de leur leader comme fond d’écran de leurs smartphones, d’autres pour avoir posté un émoji devant une publication, une parodie amusante). Sous les airs d’intellectuels respectables appelés à la rescousse d’un despote éclairé, vous n’avez rien trouvé à faire de mieux pour mériter les avantages que confère la fonction que l’esbrouffe, l’esquive, le cynisme du spectateur de varappe qui filme sereinement la chute mortelle du héros.
Le « boucher sénégalais de Marrakech » dépouillé de ses attributs de suzerain, ses vassaux prennent la main d’un richissime ancien fonctionnaire profitant de sa naturelle naïveté pour garder ainsi intacts leurs moyens de subsistance. À la dignité d’une retraite politique que commandent l’âge et la sagesse, pourquoi choisir le baroud d’honneur d’une opposition crypto-personnelle si ce n’est que pour exprimer de façon malhabile sa rancœur ou sa peur d’être poursuivi par la traque des biens mal acquis? La conscience de n’avoir pas directement trempé ses mains à la curée et d’avoir juste été complice silencieux, est pourtant bien plus aisée à assumer que l’ambition satanique et presqu’infantile et stérile de chercher à diviser un duo que le peuple sénégalais, sans doute plus intelligent que ses représentants politiques, a choisi d’élire dès le premier tour.
La conception obtuse et réductrice des textes et l’interprétation « hors sol » des institutions pour instiller l’idée d’un semblant de malaise à la tête de l’État, sont finalement la preuve d’un anachronisme chronique qui baisse les sourcils face à une réalité bien différente de celle qu’on aurait aimé voir. Si la légitimité de facto n’était pas au-dessus (comme exigence préalable et obligatoire) de la légalité de jure, l’un des fondateurs du droit public, le baron de la Brède et de Montesquieu n’aurait sans doute pas titré son œuvre fondatrice « De l’Esprit des lois », il l’aurait intitulée « De la Lettre des lois ». Mais l’intelligence sociale ici privilégiée est telle que l’œuvre est non seulement un classique de droit, de science politique, mais d’abord et surtout un classique de sciences sociales. Ainsi s’écrit l’histoire! Pour la « connaissance directe » (Cheikh Anta Diop)! Pour les non-paresseux!
PS : Par ces temps qui courent, il est 10 000 fois plus instructif d’écouter l’intellectuel brillant, Sa Ndiogou, que de prêter une oreille à l’imposture, le simulacre.
À l’amertume du syndicat des « seconds couteaux »
Respectueusement!
Ndiaga LOUM, professeur titulaire, UQO