L’État a laissé certains fonctionnaires manipuler les procédures, entraînant des accaparements de terres et des irrégularités. Un comité technique gouvernemental a recommandé l’annulation de plusieurs lotissements à Dakar, Thiès et Saint-Louis, selon le colonel Amadou Ousmane Ba, directeur général de la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation des Sols (DSCOS), dans un entretien avec l’APS.
« L’État n’a pas assuré son rôle de contrôle. Des fonctionnaires ont pris trop de libertés. Ce n’est pas raisonnable », affirme-t-il.
Grâce à leurs connexions et moyens financiers, certains ont acquis des terres illégalement, y compris sur le domaine public maritime, où la construction est interdite. Des médias ont évoqué l’implication d’hommes politiques et d’hommes d’affaires, mais les propriétaires concernés sont variés.
Sur la VDN 3, entre Dakar et Guédiawaye, des lotissements annulés entravaient l’accès à la plage et à la mer. À Guédiawaye, l’urbanisme révise le plan d’aménagement, tandis qu’à Dakar, certains lotissements proches du hangar des pèlerins sont menacés d’annulation. « C’est difficile, mais nécessaire », souligne le DG de la DSCOS.
Après la suspension initiale, une commission ad hoc a révélé de graves irrégularités foncières à Dakar. À Thiès, des écarts flagrants existent : « Certains ont 200 mètres carrés, d’autres 200 hectares. Même un hectare, c’est excessif », dénonce Ba.
Le lotissement « Thiès Nouvelle Ville » a été totalement annulé. « Ce qu’on y a découvert est choquant. Si le président s’est déplacé, c’est qu’il y avait des choses inacceptables. »
L’État dispose pourtant de mécanismes de contrôle. « Les règles existent. Si elles étaient appliquées strictement, il n’y aurait pas d’abus. Mais quand on laisse trop de latitude aux fonctionnaires, ces dérives apparaissent », regrette le colonel Amadou Ousmane Ba.
Des titres fonciers ont été distribués massivement, même à des investisseurs étrangers. « Des terres littorales sont cédées à des étrangers au détriment des habitants locaux, puis régularisées après coup. L’État n’en tire aucun bénéfice. C’est scandaleux ! » conclut-il.
Emedia