La plaie ne se cicatrise pas du côté des retraités de l’administration pénitentiaire. Ils retracent le film de 2019 avec désolation quand on les expulsait des camps de garde. Réunie autour d’un collectif, ils se sont donné rendez-vous à Thiès pour demander un dédommagement de la part de l’État du Sénégal à la mesure de l’humiliation subite.
« Le déguerpissement des camps de garde a été amer, honteux, horrible avec une humiliation inexplicable jamais vu dans les annales du Sénégal » se désole Demba Aidara ancien surveillant de prison à Mbour. Il se souvient encore de ces violences commanditées, selon lui, par l’ex-directeur général de l’administration pénitentiaire, colonel Bocandé qui a déployé 200 agents encagoulés armés jusqu’au dent pour les déguerpir de ces foyers qu’ils disent avoir réfectionner avec leurs propres moyens.
» Ce jour nous étions traités comme des malfaiteurs, des veuves vulnérables, des enfants traînés jusqu’au bout, nos bagages et même nos moutons ont tous été balancés dehors « , regrette l’ancien garde. Avant d’ajouter qu’après Mbour, Tivaouane, Vélingara, les séries de déguerpissement se sont poursuivis au Cap Manuel et au Fort B avant d’atterrir à Sébikotane avec la pire des manières. » Des forces spéciales qui ont même oublié qu’ils sont en face de leurs collègues qui ont portés la même tenue il y a presque trente années « , tonne M. Aïdara appuyée par l’assemblée par des gestes de désolation.
Et pourtant, poursuit-il, c’est sur la demande de l’Association nationale des policiers à la retraite que le président Macky Sall avait cédé ces logements de camps de garde aux occupants. C’était à la suite d’une audience qui avait eu lieu le 22 mars 2015. Il ajoute que cette déclaration du président sera confirmée par une lettre du directeur des domaines Mame Boye Diao à l’époque qui avait listé les ayant droits logeant dans les camps de garde de Mbour, Kaolack, Diourbel, Saint-Louis, Kolda, Louga, Fatick, Mbacké et Kédougou.
« Ces déguerpissements inattendus sont survenus et ont fait que beaucoup de retraités et de veuves sont depuis lors tombés malade « , regrette M. Aïdara qui revient toujours sur le film de ces événements.
Ces retraités demandent la restitution de logements ou un dédommagement total par rapport au somme dépensée pour avoir réfectionner ces bâtiments qu’ils ont occupés pendant 22 ans.
Au-delà de ces logements, ils réclament la charge de police au niveau des pensions pour relever leurs maigres ressources ou l’octroi de la pension militaire de retraite pour une valorisation de leur grille financière.
Oulimata FALL (Correspondante à Thiès)