Badara Gadiaga, chroniqueur bien connu du paysage médiatique sénégalais, a été placé en garde à vue mercredi par la Division spéciale de la cybersécurité (DSC), avant d’être déféré ce vendredi au parquet. Il est poursuivi pour discours contraire aux bonnes mœurs, diffusion de fausses nouvelles et offense à une personne exerçant tout ou partie des prérogatives du président de la République. Le parquet a requis l’ouverture d’une information judiciaire ainsi qu’un mandat de dépôt. Le dossier a été confié au doyen des juges, mais la première confrontation a été reportée à lundi, à la demande de ses avocats.
Tout est parti d’un extrait de l’émission Jaakaarlo Bi, diffusée sur la TFM, dans lequel Gadiaga a critiqué la position du Premier ministre Ousmane Sonko sur la justice. Dans ses propos, largement relayés sur les réseaux sociaux, il évoquait notamment la notion de « corruption de la jeunesse », suscitant la polémique. Interrogé sur les termes utilisés comme « yaaxxataan » ou « xalé bu jigéen », il a précisé leur signification dans le contexte juridique sénégalais, affirmant s’être exprimé dans les limites de la loi.
Lors de son audition, Gadiaga a défendu sa liberté d’expression, tout en dénonçant une « enquête politique » visant à museler sa parole. Mais l’enquête a révélé un autre pan du dossier. Selon Libération, les enquêteurs ont découvert que près de 9 millions FCFA ont transité sur le compte Orange Money de sa société GSIE, logée à la Banque Atlantique, entre mai et juin 2025. Des réquisitions ont été envoyées à plusieurs institutions financières et administratives, élargissant l’enquête à des aspects financiers jusque-là inconnus.
L’affaire Gadiaga prend ainsi une tournure plus complexe, mêlant liberté d’expression, tensions politiques et soupçons financiers.
Emedia