À l’hôpital de la Paix de Ziguinchor, la Journée mondiale de lutte contre le diabète a été l’occasion de rappeler l’importance du dépistage précoce et de mettre en lumière les défis persistants dans la prise en charge de cette maladie silencieuse. Le Dr Abdoulaye Diémé, endocrino-diabétologue et unique spécialiste du service, souligne l’urgence de multiplier les initiatives de dépistage : « Il faut dire que ce genre de journée est une nécessité pour la population. Ici, pour la plupart des patients, c’est au stade des complications que l’on découvre leur diabète. C’est ce qu’il faut éviter. » Selon lui, le dépistage précoce permettrait d’anticiper les complications sévères et d’éviter des situations d’urgence qui, malheureusement, restent fréquentes.
Le spécialiste rappelle que, bien qu’aucune étude locale ne permette d’évaluer précisément la prévalence du diabète dans la région, le nombre de cas suivis demeure alarmant : près de 800 patients sont actuellement pris en charge dans le service. Un chiffre révélateur qui, selon le docteur Diémé, laisse présager un taux de prévalence élevé. Il déplore par ailleurs un manque important de ressources humaines et matérielles : « Je suis le seul diabétologue de l’hôpital, ce qui pose problème. Le personnel doit être renforcé, tout comme le plateau technique. » Le service a longtemps été confronté à des difficultés dans la prise en charge du pied diabétique, un domaine essentiel dans la prévention des amputations, même si certaines améliorations ont récemment été apportées.
De son côté, Assane Dramé, directeur de l’hôpital de la Paix de Ziguinchor, rappelle que cette mobilisation s’inscrit dans une dynamique mondiale : « Le 14 novembre est une journée importante consacrée par l’Organisation mondiale de la santé. Chaque année, nous organisons ces activités pour sensibiliser, dépister et accompagner les patients atteints des deux types de diabète. » Il assure que le dépistage et le suivi sont assurés grâce à un équipement adéquat, mais reconnaît lui aussi les limites humaines auxquelles le service est confronté : « Le service du diabète n’est pas encore pleinement autonome, faute de personnel qualifié. Il tourne actuellement autour de deux personnes. »
Alors que la prévalence nationale est estimée à 4,6%, le directeur insiste sur la nécessité de renforcer les capacités régionales et de mettre en place un véritable centre dédié au diabète pour répondre à une demande croissante : « Le thème de cette année, Le diabète touche tous les âges, rappelle que personne n’est épargné. Enfant, adulte ou personne âgée, chacun peut être concerné. Il nous faut une politique robuste pour accompagner les populations vers une meilleure prise en charge. »
Entre besoins criants, manque de moyens humains et hausse inquiétante des cas, les professionnels de santé de Ziguinchor appellent à une mobilisation encore plus forte pour freiner la progression du diabète et améliorer la qualité de vie des patients.
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