Qui l’eut cru ? Qui disait que les chemins du destin sont insondables ? Bassirou Diomaye Faye, Président du Mouvement national des cadres patriotes (Moncap), porte-drapeau du « projet » de l’ex-Pastef, depuis ce dimanche 19 novembre, ne dira pas le contraire. Ousmane Sonko, porteur dudit « projet » depuis la création de l’ex-Pastef est en prison, avec plusieurs affaires qui lui pendent au nez. Pire, il est radié des listes électorales et, selon la Direction générale des élections, ne peut donc disposer des fiches de parrainages remises aux candidats déclarés.
Bassirou Diomaye Faye a été inculpé et placé sous mandat de dépôt des « chefs d’outrage à magistrat, diffamation et actes de nature à compromettre la paix publique », informe Me Cheikh Khoureyssi Ba, sur sa page Facebook, le mardi 18 avril 2023
Pour rappel, le secrétaire général de l’ex-parti PASTEF, par ailleurs inspecteur principal des Impôts et Domaines en service à la direction de la législation et la coopération internationale (Dlci), a été arrêté devant le Bloc fiscal, après 22 heures suite à un texte publié sur sa page Facebook et intitulé « la clochardisation continue ».
Pire, un rebondissement qui n’est pas pour arranger les affaires de Faye a été enregistré en septembre dernier. Du nouveau, pouvait-on dire dans les procédures judiciaires dans lesquelles sont engagés Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. En effet, le magistrat instructeur avait décidé de la jonction des deux procédures. Suite à un réquisitoire supplétif du parquet, le doyen des juges a rendu une ordonnance de jonction des procédures suivies contre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye.
La situation du patron des cadres de Pastef n’est pas loin de faire penser à celle de Hama Amadou au Niger. C’est avec lui que Mahamadou Issoufou avait formé une coalition pour devenir président en 2011. A deux mois des élections présidentielles de 2016, Hama Amadou est devenue son ennemi. Tous deux entrent en campagne. L’un est président sortant, l’autre est en prison.
Une situation presque similaire s’était aussi produit lors des législatives de juillet 2017 au Sénégal. C’est une campagne électorale inédite qu’avait mené la coalition de l’opposition, Mankoo Taxawu Sénégal, pour le scrutin législatif du 30 juillet 2017. Sa tête de liste, Khalifa Sall, rival du président Macky Sall, était en détention préventive pour détournement de fonds publics et s’efforçait de faire campagne depuis sa cellule de la maison d’arrêt de Rebeuss. Résultat des courses, Khalifa était l’absent le plus présent lors de cette campagne.
L’’un dans l’autre, Bassirou Diomaye Faye n’échappera pas à un tel sort. Mais la question principale est de savoir s’il pourra faire mieux que Hama Amadou et Khalifa Sall ? Pour sûr, il pourra compter sur une machine électorale qui a fini de faire ses preuves. S’y ajoutent le consensus qui semble se dégager autour de sa personne et surtout la bénédiction de Ousmane Sonko. Surtout le natif de Ndiaganiao ne peut, en aucun cas, être considéré comme un pastéfien de la dernière heure. Mieux, il peut se targuer d’être parmi les premiers qui ont cru au projet Pastef/Les patriotes, même s’il ne fait pas partie de ses géniteurs.
Né à Ndiaganiao il y a 40 ans, «BDF», comme certains de ses proches le surnomment, est incontestablement sur les pas de son charismatique leader. Son flegme et sa voix posée peuvent tromper. L’une des icones de l’ex-Pastef est tout sauf un enfant de chœur. C’est un polémiste redoutable. Très critique à l’encontre du régime en place, ce Sérère bon teint ne porte pas de gants quand il s’agit de servir une réponse du berger à la bergère. Ce fut le cas lors de son mémorable face-à-face avec Me El Hadji Diouf. La robe noire qui, d’habitude, jubile devant l’adversité, n’a pu supporter les attaques du compagnon d’Ousmane Sonko.
Ancien pensionnaire du Lycée Demba Diop de Mbour où il a obtenu le baccalauréat en 2000, Bassirou Diomaye Faye est breveté de l’ENA, après une maîtrise en Droit obtenue en 2004 à l’UCAD. Révélé au grand public après la création du Pastef il y a 6 ans, l’inspecteur des impôts affirmait devant une certaine presse que son entrée en politique est une surprise. «Il ne me traversait pas l’esprit de faire de la politique, car quand vous avez un parent qui fait de la politique, de prime abord, vous avez horreur de la politique parce que vous voyez le manque de temps. Vous voyez la pénibilité de l’engagement, vous voyez les absences répétées du pater», confiait-il.
Même parcours académique, même profession, même trajectoire syndicale, mêmes aspirations patriotiques, les similitudes entre Sonko et Faye vont jusqu’à la boule à zéro et à la manière d’entretenir leur barbe. Bassirou Diomaye Faye fait partie du comité d’initiative du parti Pastef. «J’ai eu l’honneur de concevoir la feuille de route du comité de pilotage provisoire qui a été mis en place à l’occasion de l’Assemblée générale du 4 janvier 2014», se rappelle l’actuel président du MONCAP.
L’un dans l’autre, l’inspecteur des impôts a rendez-vous avec l’histoire. L’écrira-t-il avec des lettres d’orée ? L’’avenir nous édifiera.
M. THIOBANE
texte trés bien écrit ce qui est rare par ces temps qui courent merci Thiobane
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