L’exécution du budget de l’État du Sénégal au quatrième trimestre 2024 affiche un niveau de performance contrasté mais globalement conforme aux prévisions de la loi de finances rectificative. À fin décembre, les recettes et dons mobilisés s’élèvent à 4 005,21 milliards de francs CFA, dépassant légèrement les attentes avec un taux d’exécution de 103,91 %. Ce bon résultat est porté à plus de 96 % par les recettes internes, notamment fiscales, qui progressent de 5 % par rapport à 2023.
En parallèle, les dépenses du budget général ont atteint 6 506,16 milliards, soit une exécution de 103,7 % des crédits ouverts. Ces dépenses se répartissent entre 4 239,02 milliards de dépenses ordinaires et 2 267,14 milliards de dépenses en capital. Si les dépenses ordinaires affichent une régularité dans leur exécution, les dépenses en capital marquent une hausse significative de plus de 61 % en glissement annuel, signe d’une dynamique volontariste d’investissement public.
Cependant, ces résultats doivent être nuancés par la prise en compte d’arriérés budgétaires importants. Plus de 500 milliards de francs CFA de factures impayées sont intégrés à l’exercice, dont 146,3 milliards pour les subventions au secteur de l’énergie, 105,2 milliards pour les travaux publics, et 249,5 milliards pour des investissements financés sur ressources extérieures. Ces passifs traduisent les tensions de trésorerie persistantes dans certains secteurs.
Dans le détail, les charges de la dette publique, estimées à 822,32 milliards, ont augmenté de manière notable (+44,5 %), sous l’effet de la dette extérieure et intérieure. Les dépenses de personnel atteignent 1 420,36 milliards, en progression de près de 9 % du fait de l’augmentation des effectifs et du règlement d’indemnités diverses, y compris celles liées au changement de gouvernement.
Le Fonds national de retraite (FNR) affiche un excédent de 35,6 milliards, avec une hausse du nombre de cotisants à 144 543 pour 75 134 pensionnés. Les recettes du FNR (177 milliards) couvrent largement les dépenses (141,4 milliards), marquant un équilibre renforcé du régime.
S’agissant des dépenses en capital, les ressources internes ont permis de financer 157,9 milliards d’investissements exécutés directement par l’État et 794,85 milliards de transferts en capital. Les ressources extérieures ont couvert 1 314,39 milliards, en grande partie sous forme de prêts projets. Les secteurs économiques restent les principaux bénéficiaires, avec plus de la moitié des dépenses en capital, notamment dans les infrastructures, l’environnement et l’éducation.
Enfin, les organismes publics ont mobilisé 2 047,93 milliards, soit 74,4 % de leurs prévisions. Les dépenses exécutées s’élèvent à 1 706,93 milliards, avec un fort taux d’exécution sur le fonctionnement (93,4 % pour les dépenses de personnel). Toutefois, la dette d’exploitation de ces entités reste élevée, à près de 291 milliards, dominée par les dettes fournisseurs.
En somme, ce quatrième trimestre 2024 reflète une gestion budgétaire active et tendue, entre performance des recettes, montée des dépenses d’investissement et pression sur la trésorerie. Le défi pour l’année suivante résidera dans la maîtrise des arriérés et la consolidation des équilibres budgétaires sans freiner la dynamique de développement engagée.
Emedia