Intervenant lors du panel présidé par la ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Oulimata Sarr, ce vendredi 7 juillet, au deuxième jour du Forum invest in Sénégal, au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamnadio, le Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), El Hadji Mouhamadou Diao, n’a pas mâché ses mots, martelant que “la réactivité du décisionnaire est fondamentale.”
Pour preuve, il affirme : “La Cdc du Sénégal est une muse de la Cdc du Bénin, et celle de la Côte d’Ivoire. La Cdc du Sénégal a un budget de 300 milliards F CFA. Là où celle du Bénin, qui est née il y a moins de cinq ans, est à 900 milliards.” Pourquoi ? “Parce qu’il y a eu une décision forte de l’autorité pour faire respecter la loi. Vous ne pouvez pas dire que vous avez un instrument qui recueille les ressources (loyer, caution, pensions de retraites, etc.) et vous acceptez qu’à côté des Institutions soient là et ne jouent pas le jeu.”
Dénonçant “une aberration”, l’ancien directeur des Domaines a paraphrasé les Burkinabé qui disaient, cite-t-il : “Quand on réfléchit, il faut venir au Sénégal. Quand il faut agir, il faut prendre ce que les Sénégalais ont fait pour agir.”
Il appuie : “Dans le bilan du ministère de l’Urbanisme, le programme des 100 mille logements, la CGIS et la SRT, filiales de la CDC, ont plus contribué à livrer des logements sociaux, plus que n’importe quelle autre structure. Nous ne sommes pas, pour le moment, éligibles aux avantages du programme (100 mille logements). Nous n’avons pas l’obligation d’accepter les prix fixés par l’État du Sénégal mais aujourd’hui, nos prix sont arrimés (à celui) qu’on a fixé dans le cadre des logements sociaux. Nous n’avons pas d’avantages alors que nous avons subi la crise Covid-19 et les conséquences du renchérissement des prix du fait de la crise en Ukraine.”
Poursuivant, il n’a pas manqué de donner l’exemple de la compagnie aérienne nationale du Sénégal, Air Sénégal. Ce, pour dire qu’elle “doit être un fleuron de l’industrie aéroportuaire en Afrique occidentale.” Or, regrette-t-il : “Nous sommes tous là à dire que ça ne marche pas. Mais, regardons l’environnement concurrentiel. À Air Sénégal dont l’État du Sénégal est propriétaire à 100% par le biais de la CDC, qui a mobilisé les 40 milliards F CFA, le président de la République (Macky Sall) a demandé qu’on ouvre le capital au privé. Ce qui malheureusement ne se fait pas. Mais, le privé guette la bonne occasion d’y entrer. Mais, ce qui se passe, c’est qu’Air Sénégal est étranger au Sénégal. Parce que dans un cadre concurrentiel comme le nôtre, il faut voir ce que d’autres compagnies comme Ethiopian ou Air France ont comme commodités dans leur pays. Ils sont rois dans leurs aéroports. Ici, rien n’est donné à Air Sénégal pour qu’on puisse se déployer convenablement. Nous allons tous, encore une fois, dire que c’est un modèle économique qui pouvait être bon mais, qui est inopérant. Parce que simplement nous avons refusé d’aller au bout des process que nous avons mis en place pour rendre l’entreprise performante. Si on donnait les mêmes avantages à Air Sénégal que Ethiopian a sur les plateformes aéroportuaires en Ethiopie, nous les dépassons dans deux ans. C’est aussi simple que ça.”
Il constate aussi : “Dans le cadre des plateformes offshore avec Total et Bp, nous avons une entreprise sénégalaise qui a l’offre pour faire du transport héliporté. Malheureusement, elle court derrière l’Etat du Sénégal pour avoir un statut de champion national. Il suffit juste d’une lettre.”
C’est le cas, dit-il, de l’initiative concernant un jeune sénégalais dont l’objectif est “de juguler la balance commerciale déficitaire ”par la mise en place “d’instruments de stockage” pour éviter les pertes de productions comme l’oignon, etc.
Il n’a pas manqué de saluer la mise en place d’un fonds d’investissements africains, décrivant “un outil novateur qui nous permet de ne pas accepter ce diktat des instruments de mesures qui n’ont rien à voir avec la réalité de nos pays”.