La campagne électorale débute le 3 février prochain et va durer 21 jours. Ce lundi, les mandataires des candidats sont convoqués à la Rts par le Cnra pour assister au tirage au sort sur l’ordre de passage des candidats. Un seul attire l’attention : Bassirou Diomaye Faye. Babacar Diagne a précisé, ce week-end, que «seul le candidat lui-même peut en bénéficier». Sera-t-il enregistré en prison ? Sera-t-il libéré ? Quels scenarii s’offrent à lui ?
Babacar Diagne : «Le temps d’antenne est strictement réservé au candidat»
Depuis la validation de la candidature de Bassirou Diomaye Faye, le débat a été tout de suite posé. Ses proches, ses avocats et d’autres membres de l’opposition réclament sa libération pour qu’il puisse battre campagne. La question a été d’ailleurs soumise au chef de l’Etat par le Collectif des recalés. Et alors que le tirage au sort pour la répartition du temps d’antenne est prévu ce lundi, à la Rts, l’on se demande aussi comment le candidat en prison va enregistrer son passage. Le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) ne tranche pas, mais donne une idée. «L’octroi du temps d’antenne est strictement réservé au candidat lui-même lors d’une campagne présidentielle, contrairement aux élections législatives. Seul le candidat lui-même peut en bénéficier, excluant ainsi toute représentation par un tiers», a dit Babacar Diagne, ce week-end, à Mbour, en marge de la formation des journalistes de l’Aps sur la couverture de la campagne et du scrutin. La précision «contrairement aux élections législatives» suggère que le cas Khalifa Sall n’est pas le même que celui de Diomaye Faye. Le Cnra va-t-il se contenter de mettre ses images ?
Pas de communication avec l’extérieur sauf autorisation expresse
Le candidat Bassirou Diomaye Faye va-t-il alors faire sa déclaration en prison ? Ce serait une première. Et pour cause, les textes de l’administration pénitentiaire interdisent à une personne placée sous mandat de dépôt de communiquer avec l’extérieur sauf autorisation expresse. Qui va donc donner cette autorisation ? Le ministère de la Justice ? Le juge ? L’autre scénario serait d’accorder une liberté provisoire au candidat de la coalition Diomaye Président. Et là, si on en croit la déclaration des candidats recalés à la Présidentielle au sortir de leur audience avec le chef de l’Etat, cette option paraît plausible à
condition que la demande soit faite et acceptée. Or, des spécialistes voient mal cette libération à ce stade puisqu’il n’est pas encore auditionné sur le fond.
« Rupture d’égalité»
Le troisième scénario est que le candidat reste en prison, ne bénéficie pas de temps d’antenne, ce qui constituerait une violation de la loi parce que le code électoral dispose que tous les candidats doivent être égaux. Ce serait une «rupture d’égalité», comme l’avait dénoncé le Nigérien Hama Amadou. Argument brandi aussi par les avocats de Diomaye. Seulement, au premier tour, l’ancien Premier ministre du Niger, resté en prison, avait battu campagne par l’entremise de ses partisans. Et lorsqu’il est admis au second tour, il s’est vu refusé une liberté provisoire et l’opposition avait décidé de boycotter le scrutin. Ce même cas peut se produire au Sénégal où en prison, Bassirou Diomaye Faye va battre campagne virtuellement non pas sur les plateformes de la Rts.
Malick SY