Dans un contexte marqué par une recrudescence des départs irréguliers vers l’Europe, le Bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) organise, du 9 au 11 juillet 2025 à Cap Skirring, un atelier destiné à renforcer les capacités opérationnelles des comités régionaux de lutte contre la migration irrégulière.
Face à l’ampleur du phénomène migratoire qui, depuis plusieurs années, bouleverse les équilibres sociaux et sécuritaires de la région, l’événement s’inscrit dans une dynamique de renforcement de la coordination et de l’efficacité des réponses nationales. Le Sénégal, à la fois pays d’origine, de transit et de destination, se retrouve au cœur de cette problématique.
Une crise migratoire persistante
Si la migration est aussi vieille que l’humanité, ses formes contemporaines s’avèrent de plus en plus complexes et souvent dramatiques. Entre désespoir économique, instabilité politique, conflits armés ou violations des droits humains, de nombreux individus n’ont d’autre choix que de fuir. Pour beaucoup, le Sénégal représente une étape, voire une porte de sortie vers l’Europe.
Depuis les années 2000, les côtes sénégalaises sont devenues un point de départ important pour de jeunes migrants qui embarquent sur des pirogues de fortune, dans l’espoir d’atteindre les côtes espagnoles. Si une accalmie relative a été observée entre 2009 et 2017, les départs ont fortement repris à partir de 2020, faisant resurgir la problématique avec une acuité particulière.
Un arsenal juridique et institutionnel en renforcement
Pour faire face à cette situation, le Sénégal a mis en place plusieurs instruments juridiques et structures institutionnelles, à commencer par la loi n°2005-06 contre la traite des personnes. En 2024, une étape majeure a été franchie avec la création du Comité interministériel de Lutte contre la Migration Irrégulière (CILMI), en remplacement du CILEC, et la mise en œuvre d’une Stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière accompagnée d’un Plan d’action opérationnel (PAO).
Ce dispositif prévoit notamment la mise en place de comités régionaux et départementaux, appuyés par des points focaux locaux chargés de mener des actions de prévention, notamment via des campagnes de sensibilisation ciblées.
Former pour mieux agir
L’atelier de Cap Skirring vise à renforcer les connaissances des membres de ces comités, notamment sur les cadres juridiques et institutionnels en matière de lutte contre le trafic illicite de migrants et la protection des réfugiés. Il s’agira également de présenter des approches innovantes comme l’Approche Basée sur la Route, et de partager les expériences locales en matière de mise en œuvre des plans d’action.
L’objectif est clair : améliorer la coordination des interventions, renforcer la répression des trafiquants, mais aussi assurer la protection des droits fondamentaux des personnes en mouvement – qu’il s’agisse de migrants, de réfugiés ou de victimes de traite.
En recueillant les suggestions des points focaux et acteurs locaux, l’atelier espère également adapter les stratégies nationales aux réalités du terrain, et ainsi, rendre la lutte contre la migration irrégulière plus efficace, plus humaine et plus durable.
Emedia