Le Collectif des Acteurs du Tourisme de la Casamance a tenu, ce samedi 6 décembre, une conférence de presse à l’hôtel Regal de Cap Skirring pour alerter l’opinion publique et les autorités nationales sur la crise profonde que traverse la destination. Réunis autour de Doudou Tamba, guide touristique depuis 30 ans et dirigeant d’agence de voyages, les professionnels ont dressé un tableau inquiétant de la situation, dénonçant des difficultés structurelles qui freinent le développement touristique et menacent l’économie locale.
Les intervenants ont pointé du doigt l’enclavement de la Casamance, tant par voie aérienne que terrestre et maritime. La desserte aérienne reste insuffisante avec des vols domestiques instables, des tarifs jugés prohibitifs et des annulations fréquentes, notamment depuis l’arrêt de Transair et la réduction des fréquences d’Air Sénégal. Les acteurs touristiques réclament l’allongement de la piste de l’aéroport du Cap Skirring pour en faire un véritable hub touristique capable d’accueillir des avions moyen-porteurs. Sur le plan terrestre, les axes routiers stratégiques sont dans un état dégradé, multipliant les temps de trajet et les coûts pour les usagers. La desserte maritime, quant à elle, repose sur une seule unité opérationnelle, le bateau Aline Sitoé Diatta, les deux autres navires étant actuellement à l’arrêt.
Selon le collectif, ces dysfonctionnements ont des conséquences directes sur l’emploi et la richesse générée par le tourisme. Les professionnels estiment que plus de 1 000 emplois saisonniers ont été perdus ces dernières années et que la destination peine à atteindre son plein potentiel malgré un patrimoine naturel, culturel et humain exceptionnel. Le tourisme représente environ 8 % du PIB national sénégalais, mais les difficultés d’accès limitent considérablement la fréquentation.
Face à cette situation, le collectif a formulé plusieurs propositions : stabiliser les vols domestiques et augmenter le nombre d’avions, allonger la piste de l’aéroport, développer des liaisons combinées avec des vols internationaux, réhabiliter les routes stratégiques et sécuriser une continuité maritime fiable entre Dakar, Ziguinchor et Carabane. Les acteurs du tourisme souhaitent également diversifier l’offre en valorisant le tourisme culturel, religieux, d’affaires et écologique, tout en créant un bureau touristique à Cap Skirring et en redynamisant le Syndicat d’Initiative et l’Office du Tourisme.
Le collectif appelle les autorités, notamment les ministres du Tourisme et des Infrastructures, à agir rapidement pour sauver la destination Casamance et en faire un véritable moteur de développement économique et social pour la région.
Emedia









