Le bilan du chavirement d’une pirogue au large de Mbour s’alourdit. Après les quatre morts enregistrés le dimanche, cinq autres corps ont été repêchés ce lundi par la marine et les sapeurs-pompiers. Beaucoup d’autres candidats sont toujours introuvables.
On en sait un peu plus sur le chavirement d’une pirogue qui avait à son bord des candidats à l’émigration survenu le dimanche au large de Mbour. Ce lundi, la marine et les sapeurs-pompiers étaient à pied d’œuvre à la recherche de corps de disparus dans les eaux marines.
C’est ainsi qu’ils ont pu repêché cinq corps qui s’ajoutent aux quatre corps retrouvés par des pêcheurs la veille. Cette opération porte ainsi le bilan de cette tragédie à neuf morts.
Ce lundi matin la plage de Mbour du côté de Tama Lodge grouillait d’un monde de curieux et de parents et amis des candidats à l’émigration dont la pirogue a chaviré. C’est sur cette plage que les sapeurs-pompiers et la marine font atterrir les corps repêchés. Les yeux rivés sur l’immense bleu, Pape Cissé se désole que son neveu fait partie des nombreux jeunes dont les corps sont introuvables.
« Ce matin on m’ a réveillé avec la triste nouvelle que mon neveu, le fils de mon grand-frère fait partie des candidats à l’émigration. Il avait 18 ans et tenait une boutique de vêtements. Je n’avais jamais pensé qu’il allait le faire. Son père est en Europe, sa mère au Maroc », nous confie Pape Malick Cissé.
Ils sont nombreux ceux comme lui n’ont encore aucune nouvelle de leurs enfants. Les proches du rescapé Mor Ndiaye, eux poussent un ouf de soulagement. « Nous n’avons pas vraiment compris ce qui nous est arrivé. C’est vers 16 heures que nous avons embarqué à bord de la pirogue. Nous avons à peine fait quatre à cinq kilomètres et la pirogue a pris eau et a chaviré. Ce qui m’ a sauvé c’est que je sais nager. Je n’en suis pas à ma première tentative rallier l’Europe. J’ai fait le voyage en 2006 et nous avions été sauvés par la marine Espagne. Mais maintenant c’est fini et je demande à tous ceux qui sont tentés de faire cette aventure d’y renoncer », témoigne Mor Ndiaye, un mareyeur, rescapé du chavirement.
Le quartier Tefess est en deuil. Ce quartier de pêcheurs est décimé par le phénomène de l’émigration clandestine. La mort de la jeune Fatou Samb âgée de 22 ans, nouvellement mariée, s’ajoute au lot des nombreuses victimes de ce suicide organisé.
Devant la maison mortuaire une, petite tente est dressée par des jeunes sous le regard médusé des femmes. Mais la mort semble banalisée ici tant le nombre de victimes est innombrable.
« Depuis un mois maintenant une pirogue qui avait à son bord 120 personnes a disparu. Ici à Tefess, cette tragédie a emporté 23 personnes dans une même maison. Et voilà que cet autre malheur s’abat sur nous. Le passeur a pris la poudre d’escampette. Il est vraiment temps que les autorités mettent fin à cette hécatombe », lance un voisin de la victime Fatou Samb.
Aboubakry KANE