Le rapport de la Cour des comptes a accusé le chef de la Division pêche artisanale, d’«absence injustifiée et rémunérée», comme écrit par Bés bi dans son édition de ce lundi 13 mai 2024. Les vérificateurs ont constaté, précisément, que Ibrahima Lô, qui était hors du territoire pendant 2 ans, continuait de percevoir son salaire sans reprendre service. L’intéressé, «outré», a saisi la Rédaction de Bés bi pour apporter sa version, ce que la Cour ne lui a permis de faire. D’autant plus qu’il était parti se soigner aux Etats-Unis après avoir failli perdre la vue. C’est aussi le droit de réponse d’un homme meurtri qui parle de «calomnies». Une version que Bès Bi publie in extenso.
«Je suis outré dans la mesure où si ce n’était pas le fait de calomniateurs, cette mission d’audit n’avait pas pour objet d’enquêter sur les ressources humaines de la Dpm (Direction des pêches maritimes). Tout compte fait, peut-être qu’ils sont insensibles à mon état de santé. En effet, depuis 2012, je traînais des problèmes de vision que j’ai essayés de soigner à Abass Ndao sans amélioration. J’étais arrivé à un point où j’ai sollicité l’affectation d’un chauffeur à l’Irps puisque je n’osais plus me mettre devant un véhicule car presque aveugle des deux yeux. Ma première opération date du 23 décembre 2012. La deuxième le 3 janvier 2022 et la période de suivi médical avant mon retour. Durant cette période, il était bien convenu que mon collègue, actuel régional des pêches de Thiès, me remplace. J’ai pris service après affection à la Dpm en septembre 2020, mais comme je n’étais pas opérationnel, j’ai dû immédiatement voyager en novembre pour me soigner. C’est suite à un voyage aux Etats-Unis que j’ai pu trouver des pistes de solution. Ce faisant, j’ai introduit un congé administratif de deux mois pour ne pas user du quantum horaire de l’administration et une demande d’autorisation de sortie du territoire pour raison de santé que j’ai obtenu pour pouvoir me soigner et espérer retrouver la faculté visuelle que j’avais donc perdue».
«J’ai subi deux interventions qui m’ont coûté 16 millions 972 mille 800 Cfa»
«Mon traitement a duré car il fallait des analyses pour diagnostiquer la situation, suivre une procédure et respecter une liste d’attente de patients qui me devançaient. J’ai pu subir deux interventions qui m’ont coûté 28,288$ soit environ 16 millions 972 mille 800 Cfa, il a fallu que des patients se désistent pour que je prenne leur place sans hésiter. J’ai retrouvé la faculté visuelle, Alhamdou Lilahi, je peux reconduire à nouveau, lire et faire des présentations dans des ateliers de partage. Sans ces interventions, je ne pourrais plus être opérationnel pour le Mpimp (Ministère des Pêches, des infrastructures maritimes et portuaires). J’ai supporté mes frais médicaux très onéreux en tant que fonctionnaire pouvant bénéficier de 4/5 de prise en charge. L’ironie du sort, je suis rentré aux premières lueurs de l’amélioration de ma situation de santé et j’ai repris mes activités professionnelles en juillet 2022 que d’ailleurs je n’ai jamais cessé d’exercer. Je faisais mon devoir à distance (télétravail, appui conseil)».
«La mission d’audit ne m’a pas permis d’avoir un droit de réponse»
«Le salaire net perçu n’excédait pas plus de 272 000 FCfa par mois pour un cadre de la hiérarchie A. La somme de 1 458 648 FCfa constitue un avancement de grade et d’échelon entre 2016 et 2020. De juillet au 31 décembre 2022 correspondant à l’octroi de l’indemnité spéciale octroyée aux agents du secteur primaire (250 000), j’avais déjà repris service et mené beaucoup d’activités de terrain… Je rappelle que j’ai été écarté des primes de 300 000 octroyés aux agents du Mpimp. Je me demande si j’étais le seul élément malade et qui suivait un traitement de longue durée. La mission d’audit ne m’a pas permis d’avoir un droit de réponse pour les faits incriminés. Dans ce rapport, les enquêteurs n’ont même pas tenu compte de ma reprise de service en août 2022. Mon dossier médical qui devait servir de justificatif apparemment n’a pas servi. La plupart des médicaments que j’utilise ne sont pas disponibles au Sénégal et nécessitent des analyses préalables pour renouvellement. J’ai été au centre médico-social, mais ils n’avaient pas de solution. Tel est la situation exacte. Je suis patriote, conscient des enjeux et j’ai toujours lutté pour un meilleur devenir du secteur des Pêches comme peut l’attester mon CV.»
Maxime DIASSY