Bienvenue à bord du « navire Sénégal », où chaque jour est une nouvelle aventure sur les vagues tumultueuses de la toile, et où les influenceurs sont les capitaines autoproclamés de cette galère en perdition ! Oui, chers passagers, attachez vos ceintures et gardez vos masques de sauvetage à portée de main, car ce voyage va être tout sauf de tout repos !
Alors, hier encore, je me baladais sur cette mer tranquille qu’est la vie, ignorant le tsunami médiatique qui se préparait. Mais voilà, en suivant cette affaire sordide du double meurtre d’Abdou Aziz Ba et de Boubacar Gano, je suis tombé sur un iceberg monumental : le monde des influenceurs sénégalais. Oui, ceux-là mêmes qui pensent qu’un smartphone en main fait d’eux des philosophes, des sociologues, voire même des enquêteurs privés !
D’un clic, je suis passé de la réalité à un univers parallèle où la moindre rumeur devient loi, où les « likes » sont les nouvelles devises, et où l’intelligence est optionnelle, voire nuisible. Les influenceurs, ces maîtres de la digression, se sont transformés en juges, avocats et bourreaux dans cette affaire, déballant sur la place publique des informations plus farfelues les unes que les autres. Et ne parlons pas des « lives », ces tribunes improvisées où les mots coulent aussi librement que la folie. Une parole débridée, sans filet, sans règle, et surtout sans aucune conscience de l’impact qu’elle peut avoir.
Mais qu’a-t-on fait pour mériter cela ? En cherchant une explication, je me suis souvenu d’un vieux dicton qui disait : « Le savoir est une arme ». Mais apparemment, chez nous, c’est l’ignorance qui s’est armée jusqu’aux dents ! Et nos influenceurs en sont les mercenaires, prêts à dézinguer la vérité pour un retweet ou un like de plus.
Il faut dire que la situation est gravissime. Nous, Sénégalais d’hier, fiers de nos valeurs, nous voilà en train de dégringoler sur l’échelle de la décadence, à une vitesse qui ferait rougir même Usain Bolt. Mais pourquoi s’en inquiéter ? Après tout, le Sénégal 2.0, c’est du grand spectacle, non ? Une arène où le vainqueur n’est pas le plus sage, mais le plus bruyant !
Mes chers compatriotes, je le répète, il y a urgence ! Il est grand temps de se ressaisir. La régulation, ce n’est plus une option, c’est une nécessité. Oui, mettons des radars sur cette autoroute du numérique, limitons la vitesse des délires et instaurons des péages pour que seuls ceux qui ont une vraie réflexion puissent passer. Si nous n’agissons pas, nos enfants, nos jeunes frères et sœurs, seront les naufragés d’une société qui sombre.
Alors, chères autorités, cher corps éducatif, chers journalistes et citoyens, ne laissez plus ce bateau dériver. Reprenons la barre et traçons une nouvelle route, une route où l’influence ne se mesurera plus au nombre de followers, mais à la profondeur de la pensée.
Sinon, dans peu de temps, on se retrouvera tous à bord du fameux Titanic… mais sans orchestre pour adoucir notre chute !
Mamadou Lamine FATY journaliste