Le Sénégal a fait un pas en avant dans le classement mondial de la liberté de la presse. Mais c’est un score à relativiser puisqu’il a perdu des points dans l’indicateur sécuritaire. Une note qui vient aussi au moment où les entreprises de presse et les journalistes ne se portent pas bien.
La journée mondiale de la presse a été célébrée au Sénégal hier. Selon Reporter sans frontières (Rsf), «le Sénégal a progressé de 10 points dans le Classement mondial 2024 de la liberté de la presse, se hissant à la 94e place, mais perdant 13 points de son indicateur sécuritaire», rapporte l’Aps. Le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de l’organisation, Sadibou Marone indiqué que «le principal enseignement de ce classement 2024 pour le Sénégal est la baisse de 13 points de l’indicateur sécuritaire, avec arrestations, agressions et interpellations, suspensions de médias et coupures abusives d’Internet», liées à la répression des manifestations politiques. Bref, pour Rsf, si «le rang augmente, le score diminue», a-t-il résumé lors de la présentation, à Dakar, du Classement mondial 2024 de la liberté de la presse. Cette journée de la presse est donc célébrée dans un contexte difficile pour les entreprises de presse et les professionnels des médias. Dans ce sens, le statut précaire des jeunes reporters et techniciens des médias a fait l’objet de débat, ce vendredi, à la Maison de la presse Babacar Touré. La Coordination des associations de presse (Cap) a lancé le thème de la rencontre sur : «Crise dans les médias : les entreprises de presse et les professionnels de l’information face aux défis de la précarité». Un sujet débattu en présence du président du Comité de pilotage des Assises des médias, Mamadou Thior, et du Directeur de la Communication, Ousseynou Dieng. Une étude réalisée par les jeunes reporters sénégalais révèle que 31,5% des travailleurs ayant répondu aux questionnaires n’ont pas de salaire. Alors que 86% des travailleurs disent ne pas être pris en charge par leur entreprise quand ils sont malades.
Ce n’est pas l’avis du présent du Cdeps, Mamadou Ibra Kane qui soutient que cette crise constatée dans le secteur de la presse affecte également les patrons de presse, soulignant que «la crise est globale». Il ajoute : «La crise dans le secteur des médias est grosse de danger pour l’Etat du Sénégal, pour la démocratie sénégalaise, pour la stabilité politique et sociale. Quand une presse n’est pas viable économiquement, on succombe à la tentation des lobbies, des politiques, des religieux, des hommes d’affaires qui donnent de l’argent pour venir couvrir les manifestations. Au Sénégal on a même institutionnalisé le ‘’perdium’’ qui n’existe pas, c’est de la corruption pure et simple. Le journaliste Seydina Abba Gueye, membre du bureau exécutif de la convention des jeunes reporters du Sénégal soutient que «les premières violations de la liberté de la presse commencent dans les Rédactions avec des conditions précaires dans les entreprises dans lesquelles sont maintenus les reporters». Le secrétaire général du Synpics, Bamba Kassé, pense que seul l’Etat du Sénégal qui en est d’ailleurs «l’arbitre principal est en mesure de protéger les jeunes reporters et techniciens des médias en obligeant les patrons de presse à se conformer à la nouvelle convention collective».
Arame Fall NDAO