Le leader du parti Awalé et candidat déclaré à l’élection présidentielle de février 2024 était l’invité du Jury du Dimanche. Dr Abdourahmane Diouf puisque c’est de lui qu’il s’agit s’est prononcé sur la collecte de parrainages qui va prendre fin dans quelques jours. Abordant la question de la modification de la loi sur le parrainage, Dr Abdourahmane Diouf soutient : « (…) maintenant, en la changeant, nous attendions un certain nombre d’améliorations. Ce sont deux ou trois points, essentiellement. Le premier point, c’est la mise à disposition du fichier électoral. On en a parlé depuis cinq ans, ce problème n’est pas réglé. Et le ministère de l’Intérieur et la direction générale des élections ne mettent pas ce fichier à notre disposition. Donc, vous allez devoir chercher des parrains en référence à un fichier électoral que vous n’avez pas par devez-vous. Ça, c’est le problème. Deuxièmement, il y a ce fameux logiciel. J’ai l’habitude de les railler un peu en leur disant qu’ils ont fait faire aux juristes, un travail d’informaticien.
Les juristes ne connaissent rien à l’informatique. Le Conseil constitutionnel est dirigé par des magistrats, des savants, mais qui n’ont pas forcément des compétences en matière informatique ». Suffisant donc pour lui de dire qu’il ne fait pas confiance au logiciel. « Nous n’avons absolument pas confiance. Et il n’est pas trop tard. Nous demandons encore que ce logiciel soit présenté. Que ce logiciel soit présenté publiquement, que nos informaticiens y aient accès pour que cela ne devienne pas un flou, une nébuleuse. Tous ceux qui ont le nombre de parrain requis doivent pouvoir passer sans pour autant que l’informatique soit un problème. Parce que si vous regardez les résultats des différents procès-verbaux, des parrainages,
ce qui fait « peur » à tout le monde, je mets peur entre guillemets, c’est ce qu’on appelle les rejets pour autres motifs. Vous pouvez vous retrouver avec 10 000, 15 000, 20 000 parrainages rejetés sans avoir de problème. Mais si vous regardez les résultats des parrainages rejetés, vous allez voir que c’est une anomalie qui doit être réglée. En fin de compte, et là aussi, j’espère que ce n’est pas trop tard, vous savez que maintenant, tout le monde nous parle des doublons externes. C’est-à-dire que vous pouvez avoir le nombre de parrain requis, vous pouvez ne pas avoir d’erreur matérielle, mais en fonction de votre ordre de passage, vous allez avoir des doublons externes », dénonce-t-il.
À la question de savoir à qui imputer la faute des doublons externes ? Il a rétorqué : « il y a trois acteurs au niveau du doublon externe. Il y a l’électeur, il y a l’Etat et il y a le candidat. Et parmi ces trois acteurs, il y en a deux qui sont fautifs. L’électeur, on lui a dit, vous avez le droit de parrainer qu’un seul candidat. Il a choisi d’en parrainer deux ou trois. Il est fautif.
Dans la loi, c’est même un délit. Mais j’imagine que le gouvernement du Sénégal ne va pas mettre des milliers de personnes en prison parce qu’ils ont parrainé deux ou trois candidats. C’est le genre de loi qui tombe en désuétude très facilement. Mais le deuxième acteur aussi, c’est l’Etat et nous avons la solution. La solution, c’est qu’au lieu de faire dépendre une élection présidentielle des désidératas ou du hasard d’un tirage au sort, est-ce que vous vous rendez compte qu’il y a des des gens qui vont être tirés au sort au Sénégal pour être président de la République? Une grande partie de vos chances dépend du tirage au sort. Aujourd’hui, vous pouvez être un excellent candidat avec un bon profil, vous avez le nombre de parrains requis, mais vous allez être sans vaincu dans l’ordre du tirage au sort qui relève du hasard et votre destin va s’en trouver changé parce que vous allez avoir un certain nombre de doublons externes qui feraient que vous n’avez pas le nombre de parrainages. Mais c’est ce qui, pour certains candidats, a quand même une certaine marge. Il y a une solution. La solution, c’est qu’au lieu de sanctionner le candidat, parce qu’on dit aux candidats si vous venez en dernier lieu et que vous avez des doublons externes, on vous enlève ces doublons externes, celui qui est passé avant profite de ces parrainages, mais il faut enlever les doublons externes pour tout le monde. Il faut dire à chaque fois qu’il y a un parrain qui a parrainé plusieurs candidats, ce parrainage-là ne compte pas pour tous les candidats. Cela fait qu’il n’y aura plus d’enjeu sur l’ordre de passage », a-t-il déclaré.
Cheikh Moussa SARR et Abdoulaye SYLLA (Photo)