Poussé à la retraite, un ex-agent des services français livre dans un ouvrage son expérience des relations avec l’Afrique, où il a été souvent en poste. Interrogé par Libération, la source affirme qu’ « après la vague des indépendances en 1960, la France a toujours voulu conserver son emprise sur ses ex-colonies, notamment à travers l’exploitation des matières premières. Bien sûr, il y avait aussi l’importance des votes à l’ONU, son influence, qui sécurisaient le rang de la France comme grande puissance ». Mais, ajoute-t-il, il ne faut pas négliger la dimension strictement financière. « Les ex-colonies sont devenues souveraines. Mais pas pour leur sous-sol, qui ne leur appartenait toujours pas ».
Pour illustrer cela, la source du journal français Libération affirme que dans les accords de défense secrets, qu’il dit avoir lu, il y avait toujours un volet sur les ressources stratégiques. « En 1973, au moment du choc pétrolier, c’est ce qui nous a permis de continuer à profiter du pétrole venu du Gabon ou du Congo-Brazzaville, contrairement à d’autres pays occidentaux qui ont subi des pénuries. Il y avait un contrôle permanent sur les dirigeants africains, pour éviter qu’ils aient la velléité de sortir du giron français. Surtout pour les pays qui avaient des ressources minières ».
À la question de savoir ce qui advenait à ceux qui remettaient en cause ce statut quo, la réponse est bien simple, selon lui : « ils étaient poussés vers la sortie, ou renversés ». Pour illustrer son propos, la source française cite les cas de la Centrafrique avec Ange-Félix Patassé et d Congo-Brazzaville. Pour Ange-Félix Patassé, à la tête de la Centrafrique entre 1993 et 2003, il lui est prêtait un regard assez dur sur la période coloniale. « Tout en étant lui-même très corrompu. On a préféré s’en débarrasser. Il sera renversé lors d’un coup d’Etat, par François Bozizé ».
Le même scénario s’est produit au Congo-Brazzaville. Pascal Lissouba qui a été élu démocratiquement en 1992, dans la foulée du discours de la Baule en a pris pour son grade. « J’étais à l’époque rédacteur du dossier de ce pays. Lissouba était très populaire, notamment auprès des Bateke, son ethnie. Reste qu’il a voulu remettre en cause les avantages fiscaux accordés à la compagnie française Elf qui exploitait le pétrole sur place. S’il n’avait pas fait ça, l’histoire se serait peut-être écrite autrement. Mais là, il a franchi la ligne rouge. C’était impensable », affirme la source de Libération. Avant d’ajouter : « À Brazzaville, on a alors soutenu Denis Sassou-Nguesso qui avait été évincé par les élections au profit de Lissouba. Il va revenir au pouvoir au prix d’une guerre effroyable en 1997. Il y est toujours ».