Ce mercredi 28 mai 2025, alors que se tenait le dialogue national sous l’égide des autorités, un groupe d’organisations citoyennes, de syndicats et de partis politiques a organisé une contre-offensive : un Contre-Dialogue des Forces Vives, visant à dénoncer une concertation officielle jugée limitée, excluante et déconnectée des urgences sociales.
Initiée par le Nouveau Front Force Alternative (NFA), le Mouvement Rappel à l’Ordre, le collectif des Travailleurs Licenciés de la RTS ainsi que plusieurs mouvements citoyens, cette rencontre parallèle a réuni des participants venus exprimer leur rejet d’un dialogue qu’ils estiment réduit à une simple vitrine politique, focalisée sur les questions électorales, et éloignée des préoccupations profondes de la population.
La confiscation des libertés publiques, l’instrumentalisation de la justice, les emprisonnements arbitraires, la vie chère, l’abrogation de la loi d’amnistie, et la criminalisation de l’homosexualité ont été parmi les thèmes abordés. Pour les organisateurs, il ne s’agit pas seulement de critiquer, mais de proposer une autre manière de penser le dialogue national : une approche inclusive, centrée sur les réalités sociales et non sur des intérêts partisans.
Djiby Ndiaye, coordonnateur du NFA, a tenu à rappeler que l’absence de son parti au dialogue officiel n’était pas un boycott par principe, mais un choix politique face à une démarche qu’il juge biaisée. Selon lui, aucune discussion sérieuse ne peut se tenir sans aborder les piliers structurels du pays : éducation, économie, justice sociale.
Parmi les voix présentes, celle de Boubacar Fall, représentant des 30 814 travailleurs licenciés de la RTS depuis l’installation du nouveau régime. Il a annoncé une marche prévue le 30 mai prochain pour dénoncer ce qu’il qualifie de vague de licenciements injustifiés, illustrant, selon lui, le mépris des autorités pour la dignité des travailleurs. Plusieurs témoignages poignants de victimes de ces licenciements ont été partagés durant la rencontre.
Les organisateurs affirment rester ouverts au dialogue, mais pas dans sa forme actuelle. Ils appellent à une refondation du processus, pour que les voix marginalisées soient enfin entendues, et que le dialogue cesse d’être un outil de mise en scène politique pour devenir un véritable espace de construction démocratique.
Aissatou Sougou Cissé
Photos : Pape Doudou Diallo