Alors que plus de 1,2 million de personnes sont actuellement en situation d’insécurité alimentaire au Sénégal, les départements de Matam et Kanel, situés dans le nord du pays, figurent parmi les zones les plus touchées. C’est ce que révèle le dernier rapport du Secrétariat exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire (Secnsa), qui alerte sur la précarité croissante des conditions de vie dans neuf départements.
Selon Bocar Coundoul, chef du bureau régional de sécurité alimentaire à Matam, la situation reste sous contrôle mais préoccupante : « Nous ne sommes pas dans une période de crise alimentaire généralisée, mais certains ménages dans des zones précises vivent effectivement en situation d’insécurité alimentaire. » Une insécurité qui, selon lui, ne signifie pas un effondrement total, mais une dégradation progressive des moyens d’existence de nombreux foyers.
Les zones à risque sont identifiées grâce aux analyses menées deux fois par an par l’État, en collaboration avec le Système d’information sur la sécurité alimentaire (SILS). Une localité est classée en situation d’insécurité alimentaire dès lors que 20 % de sa population commence à adopter des stratégies d’adaptation comme la réduction du nombre de repas, le report de soins médicaux ou la baisse des dépenses liées à l’éducation. Ces comportements sont les signaux d’une vulnérabilité accrue.
Face à ce constat, des plans d’urgence sont régulièrement déployés pour apporter une assistance ciblée aux populations les plus exposées. Ces interventions sont coordonnées par l’État, en partenariat avec des ONG, des agences humanitaires et les autorités locales.
Mais au-delà de l’aide ponctuelle, Bocar Coundoul plaide pour une réponse structurelle : « Pour sortir durablement de l’insécurité alimentaire, il faut renforcer la production locale, améliorer l’accès à l’eau potable, aux soins de santé et à l’éducation. » Un appel clair à intégrer le développement durable au cœur des politiques de résilience, dans des régions où les fragilités sociales et climatiques continuent de peser lourdement sur les populations.
Sophie Niollet, Stagiaire