Le bras de fer entre les syndicats d’enseignants et le gouvernement sénégalais se durcit. À l’issue de leur préavis de grève déposé le 9 janvier dernier, le Syndicat Autonome des Enseignants du Moyen et Secondaire du Sénégal (SAEMSS) et le Cadre Unitaire Syndical des Enseignants du Moyen et du Secondaire (CUSEMS), regroupés au sein de l’Alliance du Moyen Secondaire (G2), ont dénoncé l’inaction des autorités face à leurs revendications. Lors d’une conférence de presse, El Hadji Malick Youm, secrétaire général du SAEMSS, a fustigé le mutisme du gouvernement, pointant du doigt un dialogue social en panne et des engagements restés lettre morte.
Les enseignants réclament, entre autres, la révision du statut des décisionnaires, l’augmentation des pensions de retraite et l’accès aux imputations budgétaires après la cessation d’activité. La question de l’équité salariale entre les agents de la fonction publique reste également une priorité, tout comme la fin de la surimposition dont ils s’estiment victimes. Ils exigent également le parachèvement de la formation diplômante des enseignants en attente de régularisation, notamment les chargés de cours et les recrutés spéciaux de novembre 2021. D’autres dossiers en suspens concernent les enseignants titulaires de diplômes spéciaux et les personnels en formation au CNF de Thiès, ainsi que la régularisation du statut des enseignants de la formation professionnelle et technique.
Le syndicat déplore également l’inaction du gouvernement quant à l’appurement des prêts au logement et au paiement des rappels dus aux enseignants. La question de la remise des titres de propriété aux syndicats bénéficiaires de parcelles non viabilisées figure aussi parmi les doléances. Selon eux, malgré le climat de stabilité retrouvé après les élections présidentielles et législatives de 2024, les lenteurs administratives persistent et les engagements pris par l’ancien régime peinent à être mis en œuvre. Une situation exacerbée par une communication gouvernementale jugée alarmiste, évoquant une situation économique critique et annonçant des mesures d’austérité qui suscitent la colère des syndicats et des travailleurs.
La gestion du dialogue social est également critiquée. Le SAEMS et le CUSEMS dénoncent l’absence de concertation sur des réformes majeures, comme l’introduction de l’anglais dans le programme scolaire. Selon eux, ces décisions auraient dû faire l’objet d’échanges avec les organisations représentatives du secteur. En outre, ils dénoncent les licenciements abusifs opérés par le nouveau régime dans plusieurs entreprises publiques, sans respect des normes du droit du travail.
Les enseignants rappellent que l’année scolaire 2024-2025 est à mi-parcours et que le gouvernement a l’obligation d’en assurer le bon déroulement. Ils exigent la convocation d’urgence du comité de suivi des accords, la mise en œuvre effective des engagements pris et la correction des irrégularités administratives via le portail e-carrière du ministère de la Fonction publique. La signature des projets de décret visant à régulariser la situation des décisionnaires est également attendue avec impatience.
Autre point sensible : la rémunération des enseignants. Le syndicat insiste sur la nécessité de corriger les disparités salariales et d’assurer l’accès universel à la formation diplômante pour tous les enseignants en attente. Il réclame également le paiement des rappels dus et le respect des accords signés avec les banques concernant l’externalisation des prêts au logement.
Face à l’absence de réponse des autorités, le SAEMS et le CUSEMS mettent en garde contre toute tentative de remise en cause des acquis syndicaux et appellent à une mobilisation générale pour défendre les intérêts des travailleurs du secteur de l’éducation. Ils exhortent les syndicats de l’enseignement et les centrales syndicales à s’unir pour contrer toute politique d’austérité jugée néfaste pour les travailleurs. Une escalade du mouvement social semble inévitable si le gouvernement ne répond pas à ces revendications.
Emedia