La crise économique actuelle n’épargne aucun secteur, et les ateliers de mécanique automobile de Kolda en subissent durement les effets. Dans un contexte marqué par une baisse de la clientèle, des mutations technologiques rapides et un manque criant de soutien, les professionnels du secteur tirent la sonnette d’alarme.
À Kolda, de nombreux garages tournent au ralenti. Dans son atelier, Thierno Badiane, président du Regroupement des Vrais Artisans de l’Automobile du Sénégal (REVAS), observe avec inquiétude ses apprentis passer leurs journées à attendre des clients qui ne viennent plus. Pour lui, la situation est critique : « En cette période de l’année, si ce n’est pas dame nature qui nous empêche de travailler, c’est l’absence de clients qui nous condamne à l’inactivité. »
Face à cette situation, Thierno Badiane plaide pour un appui urgent de l’État. Il propose, entre autres, la subvention des formations pour les apprentis, mais aussi une nouvelle orientation des marchés publics : « Pourquoi ne pas confier l’entretien des véhicules de l’administration publique aux garages locaux ? Ce serait un moyen efficace de concrétiser la territorialisation des politiques publiques. »
Le secteur de la mécanique automobile à Kolda reste largement informel, ce qui rend difficile toute estimation précise de l’impact économique. Toutefois, il est évident que ces ateliers constituent une porte de sortie pour de nombreux jeunes déscolarisés, en quête de formation et d’insertion professionnelle. Malheureusement, les moyens manquent. Les maîtres artisans, bien qu’animés par la volonté de transmettre leur savoir, peinent à accéder à des financements, des équipements modernes et des opportunités de marché.
Par ailleurs, l’arrivée massive de véhicules de dernière génération, notamment électriques, bouleverse le métier. Les garages traditionnels se retrouvent dépassés, faute d’outillage adapté et de formation technique. « Les ateliers de mécanique doivent impérativement s’adapter aux nouvelles technologies », insiste Thierno Badiane, inquiet de voir les compétences locales devenir obsolètes.
Pour les professionnels du secteur, un accompagnement de l’État est indispensable : il s’agit de faciliter l’accès à la formation continue, d’investir dans des équipements modernes et de permettre aux garages de diversifier leurs services pour rester compétitifs. Car à défaut de soutien, beaucoup d’ateliers risquent de fermer, emportant avec eux des emplois et un savoir-faire précieux.
La transition est inévitable, et seuls les mécaniciens capables de s’adapter aux mutations du secteur pourront espérer tirer leur épingle du jeu dans un marché en pleine évolution.
Seydou Diatta – Emedia, Kolda