Dans le cadre du renforcement des capacités des officiers de la sous- région exerçants des missions de police judicaire dans le domaine maritime, l’Institut de Sécurité maritime Interrégional (ISMI) d’Abidjan, organise, en partenariat avec l’Ecole nationale de Cybersécurité à Vocation régionale (ENC-VR) du Sénégal, un stage de formation sur la cybercriminalité maritime du 27 au 30 novembre 2023.
L’objectif majeur de ce stage est d’inculquer aux officiers de police judiciaire les fondamentaux en matière de cybercriminalité en vue de les outiller pour un meilleur traitement des infractions pénales relatives à ce domaine spécifique. Par ailleurs, 9 officiers de police judiciaire (OPJ) de différents pays d’Afrique ont pris part à la rencontre. S’exprimant lors de la cérémonie d’ouverture, le secrétaire général de la HASSMAR, le capitaine de vaisseau Mamadou Ndiaye a rappelé que l’économie de nos États est largement tributaire des opportunités offertes par la mer. « La majeure partie des échanges commerciaux se fait par le biais du transport maritime. Même les échanges mondiaux des pays qui n’ont pas de frange maritime se font via la mer.
En sus de ce constat qui fait du secteur maritime le premier levier de croissance économique, s’y ajoute le développement continu des technologies et innovations numériques. Ces dernières, au-delà d’être des vecteurs du progrès pour l’humanité, peuvent également être utilisées à mauvais escient, constituer des menaces pour la sécurité et la sureté maritime », affirme-t-il. Avant de poursuivre : « d’ailleurs, nous constatons de façon sporadique des cas de cyber attaques visant le secteur du transport maritime avec des conséquences économiques drastiques et des amplifications sécuritaires. Face à la numérisation accrue de l’économie maritime, il est crucial que nos États à travers leurs structures compétentes, mettent en place un cadre normatif et opérationnel pour mieux prendre en charge les risques et menaces inhérents au développement de la technologie numérique. Souscrivant dans cette dynamique, l’État du Sénégal a, très tôt, pris la pleine mesure des défis liés à la cybersécurité ».
C’est ainsi qu’au plan juridique, indique le capitaine de vaisseau, Mamadou Ndiaye, le Sénégal a ratifié les conventions internationales pertinentes, notamment la convention de Budapest sur la cybercriminalité ainsi que la convention de Malabo sur la cybersécurité et la protection des données à caractère personnel. Il s’emploie aussi à transposer ces dites conventions dans son droit interne. Déjà, depuis 2008, le Sénégal a inséré dans son code pénal une loi spéciale consacrée à la lutte contre les atteintes aux systèmes informatiques de toutes formes. Cet élan s’est poursuivi avec une autre réforme intervenue en 2016 avec la loi 2016-29 du 08 novembre 2016 modifiant la loi 2008-11 eu 25 janvier 2008 qui élargit la panoplie des infractions liées aux technologies et de la communication et en même temps les sanctions. « Ces infractions couvrent tout accès ou maintien frauduleux dans un système informatique, l’interception frauduleuse de données informatiques, l’altération ou la détérioration frauduleuses de données informatiques, collecte illicite de données à caractère personnel via un système informatique, l’usurpation d’identités numériques, le faux numérique et toute atteinte frauduleuse au fonctionnement d’un système informatique. Ces panoplies d’infractions permettent de sanctionner toutes atteintes directes ou indirectes contre les systèmes de traitement automatisé des données de navires, des plates-formes et installations offshore ou des ports avec de peines sévères variant de 1 à 7 ans d’emprisonnement et des amendes pouvant aller jusqu’à 10 millions de francs Cfa », déclare-t-il.
Cheikh Moussa SARR