La “cité imbécile”, du nom du quartier flottant niché entre les Hlm et Hann village, n’existe plus. Elle a été rasée. L’opération, qui a été menée par la Direction de la lutte contre les encombrements du ministère de l’Urbanisme, du Logement et du Cadre de vie, a aussi concerné une bidonville nichée à la zone de Captage. Où les bulldozers vrombissent, détruisant tout sur leur passage, sous la supervision de la police. Le constat a été fait sur place ce lundi matin, 3 juillet. Si des déguerpis, la plupart des étrangers, ont été déposés à Technopole, d’autres, qui se retrouvent sans toit, sont restés sur place pour sauver ce qui peut l’être.
“On n’est pas des bandits”
Astou Ngom, qui assiste à la scène, n’a plus que ses yeux alourdis par les faux cils pour pleurer. La coiffeuse ajoute qu’elle et sa soeur, parties célébrer la Tabaski à Keur Massar, ont dû rappliquer à la zone de Captage pour tenter de sauver leurs biens. Mais en vain. Notre interlocutrice confie qu’elle a tout perdu. “Je n’ai pas pu récupérer mon matériel. Ma soeur et moi avons tout perdu. On ne faisait rien de mal. Peu avant la Tabaski, on avait acheté plein de cheveux. Pour tout vous dire, je n’ai plus que les habits que je porte sur moi. Ils ont attendu qu’on aille célébrer la Tabaski pour tout raser alors qu’ils auraient pu nous laisser du temps. Il ne me reste plus qu’à m’armer de courage pour repartir à zéro. Je dois trouver la force pour ça. Là, je ne vous cache pas que je suis complètement abattue”, pleure-t-elle. Elle estime avoir investi plus d’un million F CFA depuis l’ouverture de son salon. Celui-ci a été rasé avec tout son contenu.
Alioune Gaye, électricien automobile trouvé assis la mine triste sur un muret construit devant un atelier en face du bassin de la zone de Captage, éprouve le même désarroi. Interrogé par Emedia, il commence par rembobiner. “Je travaille ici depuis 2002. On a été plusieurs fois déguerpis. La dernière opération remonte en 2017. Cela concernait un litige foncier avec des individus réclamant la propriété du terrain. ça s’est finalement réglé. Ainsi, on avait pu regagner les lieux sans problème. Cette fois, ils ont attendu la période de la Tabaski pour passer à l’acte. Ils sont venus dans la nuit de samedi à dimanche. On a été alertés vers 04 heures du matin.”
Depuis lors, regrette-t-il, “les ouvriers, une quarantaine, sont laissés à eux-mêmes”. Selon Gaye, ils sont restés dehors sous la pluie.
Pour la dernière opération, l’électricien automobile reconnaît, toutefois, qu’ils ont été avisés. Et cela, depuis six mois. “Pour dire la vérité, on avait reçu des sommations. Par le passé, des tractations étaient menées pour faire échouer l’opération”, avoue-t-il. Mainte fois tentée, l’opération a abouti cette fois.
Il rappelle que le chef de l’Etat, Macky Sall, a procédé à l’inauguration de la zone d’activités des mécaniciens et professionnels de l’automobile (Zampa), à Ndoukhoura Peulh. Sauf qu’affirme-t-il, le site n’est pas encore prêt à tous les accueillir.
Des déguerpis ont été surpris en train de verser de chaudes larmes. Ils ne savent plus à quel saint se vouer.